MARINO MARINI & GIACOMO MANZU. FERNANDO BOTERO & IGOR MITORAJ.

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Marino Marini.

MARINO MARINI & GIACOMO MANZU. FERNANDO BOTERO & IGOR MITORAJ.

La sculpture figurative métaphysique. Marino Marini & Giacomo Manzu.

La sculpture narrative. Fernando Botero & Igor Mitoraj.

J’ai choisi ici d’évoquer quelques sculpteurs qui ont marqué mon esprit lors de mes études de sculpture à l’Académie des Beaux-Arts de Liège, au début des années soixante-dix. De toutes les oeuvres étudiées, celle de Marino Marini [1] a obtenu tout naturellement ma préférence. Pour l’anecdote, ce dernier a bien failli devenir mon professeur, via une bourse d’études que j’avais obtenue du consulat italien pour trois ans à la Brera de Milan. La vie en a décidé autrement et je suis resté à Liège pour initier une autre voie artistique. Mais c’est dire l’intérêt que j’éprouve pour l’œuvre de cet homme, ayant inspiré un chemin artistique qui est pour moi un phare, guidant aujourd’hui encore mes pas à travers cette recherche incessante de l’aura [2] de la sculpture métaphysique.

Les préoccupations de la sculpture contemporaine s’éloignent de plus en plus d’une forme de sculpture qui fait appel à l’objet unique – l’œuvre unique. C’est-à-dire qui contient dans un seul élément un polymorphisme de sens spirituel et de civilisation qui de facto n’est pas reproductible.

Walter Benjamin [3], en abordant le sujet de l’aura de l’œuvre, a mis en évidence les questions philosophiques liées à la problématique de la reproductibilité de l’œuvre d’art. L’idée étant que l’émotion spirituelle contenue dans la rencontre fortuite avec une œuvre d’art ou la poésie d’un moment vécu est non reproductible par des moyens techniques modernes. Les moyens techniques de reproduction sont utilisés en art depuis l’avènement du pop art et l’œuvre de son mentor Andy Warhol [4]. La question politique de l’amélioration de l’accès à l’art a été, dans l’entre-deux-guerres, le sujet prépondérant du débat entre Walter Benjamin et Théodore Adorno sur «qu’est-ce que l’art» et  la pensée moderne de la conscience de masse et la pensée de Karl Marx. Trouver de nouvelles voies d’expressions artistiques, libératoires d’un joug qui fut longtemps la règle d’un art induit  dans son inspiration par le judéo-christianisme, fut le point de réflexions de plusieurs philosophes modernes qui inspirèrent le monde de l’art postmoderne d’aujourd’hui.

L’ensemble des points philosophiques importants qui furent utilisés comme idéologiquement ad hoc et adoubés par l’intelligentsia des amateurs d’art furent appliqués petit à petit par les galeries et centres culturels de poids, tels les musées, la Documenta de Cassel, le Moma de New York et les foires d’arts contemporains influentes de par le monde. Ils sont devenus de facto les relais essentiels de la nouvelle doxa culturelle depuis déjà quelques décennies. Une petite phrase de la responsable de la Documenta [5] de Cassel en dit long sur le sujet, je cite de mémoire : « … la question de savoir si c’est de l’art ou pas est une question en voie de disparition dans le monde de l’art contemporain… ». Voilà, c’est dit…

Un monde classique termine son hégémonie idéologique sur ce qu’il pensait que devait être la pratique de l’art. Ce monde s’achève avec le classisisme d’Auguste Rodin et la courte période de l’art moderne. Le nouveau débute avec Joseph Beuys et l’avant-garde postmoderne. La sculpture reste et restera, de mon point de vue, l’élément clé qui permet de capter la transformation idéologique de l’isolement de l’histoire, par rapport à la percée de la socio-politique comme faisant sens à une pratique artistique libératoire pour notre époque.

photo-2-7312627Marino Marini.

 Nous nous trouvons face à une avancée considérable, des changements de toute sorte qui ont modifié en profondeur les critères esthétiques de la production artistique contemporaine. Avons–nous perdu quelque chose ? Certainement, mais tout reste possible, malgré les efforts réalisés pour promouvoir la seule pensée postmoderne comme idéologie constructive de l’art actuel.

Walter Benjamin argumente autour de la problématique de l’œuvre d’art unique, il permet à notre époque de poser la question du sens de la pratique artistique et de la définition idéale que nous devrions lui donner. Il met en avant la possibilité de pratiquer un autre art. Si la notion de présence de l’art diffère suivant que l’on se trouve en contact avec l’œuvre originale au sens matériel du terme ou devant la reproduction de celle-ci, par exemple une photo de la même œuvre, il y a bien une proximité du vécu dans le premier cas et un éloignement dans le second. Cette nouvelle possibilité revêt une importance fondamentale pour l’art actuel qui privilégie le concept et qui confie le savoir-faire à des artisanats spécialistes. Voici l’avènement de l’artiste entrepreneur…

Loin d’être anodin, ce point important met l’accent sur l’importance et la réalité de l’objet d’art. Comme par le passé, certains artistes présentent toujours des œuvres qui contiennent tous les ingrédients polymorphes d’une œuvre unique. Marino Marini est bien un immense représentant de l’art métaphysique qui répond à une conception de l’art qui se situe dans l’héritage du passé. Il ne s’agit nullement dans son œuvre d’une métaphysique chrétienne, mais bien d’un mystère contenu dans la création d’œuvres d’art.

Son œuvre doit beaucoup à ses origines toscanes, comme c’est le cas pour d’autres artistes, je pense ici à l’oeuvre d’ Alberto Giacometti qui doit beaucoup à l’art étrusque que l’on peut voir au musée de Voltera. La Toscane est une terre de civilisation depuis bien avant la période chrétienne. Ce que l’on connaît aujourd’hui de la beauté des paysages de cette région au charme certain n’est pas l’essentiel pour ce qui nous occupe. Il s’agit plutôt de définir l’âme d’une région à travers un art de vivre, une région qui a produit une conscience artistique en réponse à plusieurs modifications culturelles successives tout au long de ces trois derniers millénaires. Les premiers habitants connus de cette région d’Italie furent au néolithique essentiellement constitués en petits groupements d’individus, dont on connaît peu de choses, sauf à les considérer d’origine Villanoviens [6] et Lydiens du plateau d’Anatolie. Dans une chronique précédente, j’ai déjà fait allusion à la sculpture – les statues stèles — qui représente les premiers vestiges d’une activité artistique dans la région et qui était commune à la plupart des autres régions méditerranéennes du nord de l’Europe à cette époque. Cela démarre avec le néolithique — moins sept mille ans — puis les Étrusques – moins 900-600 — pour finir avec le début l’époque romaine lors de la fondation de la république. Les Étrusques [7] furent annexés à Rome, et la Toscane d’aujourd’hui est parvenue jusqu’à nous avec ce mélange de cultures païenne et antique. Bien entendu, la période artistique médiévale et la Renaissance sont les ferments incontournables de l’admiration que nous portons à cette région, sans oublier l’art culinaire et gastronomique à travers la cuisine et les merveilleux vins qui y sont produits.

Marino Marini est originaire de Pistoia, petite ville proche de Florence. Un musée y est consacré à son œuvre, ce qui a permis à cet artiste fameux de trouver une place de choix parmi les valeurs sûres de cette région d’Italie. Il y a fatalement des réminiscences antiques culturelles dans l’œuvre du maître. Le raffinement s’exprime plus dans l’aspect métaphysique de l’œuvre que dans la beauté primaire des matières, sans que celles-ci soient négligeables dans l’absolu de ses œuvres. Marino Marini a été le premier artiste qui m’a touché personnellement par la métaphysique contenue dans la matière sculpture. Il est à mes yeux un représentant d’une des deux distinctions des courants composant les pratiques sculpturales aujourd’hui abandonnées, c’est-à-dire la sculpture statuaire traditionnelle et la sculpture monumentale antique. La différence entre les deux pratiques est simple, l’une est philosophique – métaphysique, l’autre sociale – architectonique. Pour le dire autrement, la première est liée à l’histoire des civilisations, à la découverte de soi et des croyances mythologiques à travers la poésie, l’autre est liée à la cité, à la chose publique culturelle et la conscience politique socio-environnementale. Les deux tendances d’une même composante nécessaire à toutes les civilisations évoluées qui nous sont parvenues jusqu’à l’époque moderne.

Rien n’a changé aujourd’hui dans la volonté des créateurs d’investir l’espace public. Ils le font avec les mêmes convictions que par le passé. La seule différence réside dans la volonté de dialogue critique des œuvres d’art adressées à la cité à travers l’analyse sociologique du créateur et de l’œuvre installée dans l’espace public. Notre époque privilégie une approche terre à terre philosophique des pratiques monumentales de la sculpture. Celles-ci évoluent même vers une interdisciplinarité des médiums utilisés pour constituer une œuvre cognitive à visée pédagogique plus qu’une œuvre qui se constitue dans l’esprit pour apparaître phénoménologiquement à notre vue métaphysiquement universelle. Les temps changent, c’est la loi de l’évolution… l’avenir, c’était mieux avant ?…

Marino Marini peut être vu comme un sculpteur métaphysique dans l’oeuvre duquel le sentiment poétique tourné vers l’univers questionné réalise le lien entre les premiers hommes et notre époque dans une poésie transcendante. Giacomo Manzu [8], lui, réalise une œuvre moderne liée au renouvellement de l’art sacré en Italie. Il perpétue néanmoins une tradition artistique moins ancrée dans l’universel que Marini, celle-ci étant tenante d’une culture chrétienne européenne qui baigne l’Italie depuis le premier millénaire.

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  Giacomo Manzu.

 Marino Marini, le seul des quatre sculpteurs originaires de Toscane, a bien une particularité qui fait sens aujourd’hui. De mon point de vue, certains artistes ont une implication fondamentale dans leur œuvre fondée sur une culture particulière liée à une région et son histoire. Il y a déjà eu l’exemple de Botticelli [9] à la Renaissance : comme Marini, il était toscan et très influencée par l’art païen des Étrusques ; certaines œuvres conservées au Musée des Offices de Florence en témoignent. Ce qui nous amène à concevoir la portée que peut revêtir l’assimilation pour les artistes capables de fusionner dans leurs œuvres les divers éléments de cultures très éloignées les unes des autres et mises à leur disposition. Cet élément nous montre l’ouverture de certains artistes, qui vont bien au-delà des cultures qui les concernent directement et possèdent une vision universelle de la fonction de l’art à atteindre. L’inspiration liée à une mystique païenne montre à quel point l’esprit des artistes – quand ils sont libres de toutes croyances spécifiques, de règles de culture rigides liées à la religion ou à certains dogmes philosophiques – leur permet de globaliser les savoirs en une succession d’ajouts de forces plutôt que de participer à une seule vision du monde, signe souvent d’une fermeture culturelle de la pensée. Ce point est important, parce qu’il nous permet, en tout cas en ce qui me concerne et malgré mon athéisme, de ressentir de l’intérêt pour le travail de Giacomo Manzu, pourtant porteur d’une poésie artistique d’inspiration chrétienne.

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 Giacomo Manzu.

 Le degré d’intérêt que nous pouvons ressentir pour certains artistes peut différer suivant la dose d’émotion personnelle que nous éprouvons au contact de leurs œuvres. Cette hiérarchisation critique ne nuit en rien à la fonction de l’art. Nous nous trompons volontiers, car souvent nous sommes en retard ou en avance sur l’intérêt légitime que nous ressentons à la vue d’œuvres d’art. Les artistes à qui nous trouvons des qualités très au-dessus de la moyenne n’ont pas vocation à nous éloigner des autres artistes que nous trouvons moyens ou encore plus faibles dans notre approche subjective. Aucun jugement critique n’éloigne l’artiste de sa propre dignité de recherche artistique personnelle. À ce sujet, certains artistes que je range dans une catégorie moins importante, mais néanmoins indispensable à la diversité des tendances artistiques, me semblent représenter le cosmopolitisme salutaire qui doit régner dans le monde de l’Art.

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 Igor Mitoraj.

 L’exemple des sculptures d’Igor Mitoraj [10] nous raconte une histoire toute personnelle de son amour pour l’Antiquité. Ses œuvres, installées dans une fonction monumentale narrative, exercent sur nous un attrait interrogatif en plus d’avoir une fonction de signe dans l’espace public. On peut considérer ses sculptures comme des éléments du passé interrogeant le présent sans apporter de la contradiction à celui-ci. Ses sculptures nous apparaissent comme des éléments d’aujourd’hui, dans le fond, très modernes pour ne pas dire hypermodernes.

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 Igor Mitoraj.

 En ce qui concerne Fernando Botero [11], il tient une place particulière dans le monde de la sculpture. Peintre de formation, comme beaucoup d’artistes, il est, par la force créative qui l’anime, pluridisciplinaire dans son approche artistique, comme les grands artistes modernes du XX ° siècle, tels Picasso et Matisse. Colombien d’origine, il insère dans ses œuvres une description populaire de la petite bourgeoisie issue de l’immigration espagnole engraissée à l’exploitation coloniale. Cette critique sociale s’applique à toutes les bourgeoisies coloniales sud-américaines et européennes du début du siècle. Son œuvre s’articule autour d’une narration esthétique liée à un choix formel reconnaissable dans chaque médium utilisé par Botero. Les personnages énormes exacerbés par l’exagération de leurs courbes corporelles restent d’actualité comme l’élément fondateur d’une société occidentale qui ne cesse de gonfler par la suffisance consumériste érigée en culture. Cette vision de l’œuvre de Botero est toute personnelle et littéraire, elle n’engage que moi [12]. Comme souvent, je suis bien placé pour le savoir, les artistes sont rarement d’accord avec les interprétations extérieures à la complexité des mécanismes créatifs qui président à leur art. Eux seuls connaissent en profondeur les motivations essentielles qui les guident dans leurs recherches…

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Fernando Botero.

 L’œuvre de Botero agace certains spécialistes intégristes de l’art contemporain. C’est le cas également pour Igor Mitoraj. Ils sont jugés trop esthétisants dans leurs créations. Bref, ces deux artistes posent quelques questions de contemporanéité de l’œuvre d’art, à savoir « est-ce de l’art moderne ou de l’art actuel » ? Pour ma part, la question reste pendante positivement parlant. Je ne renonce nullement à l’espoir de voir un réveil des responsables culturels, qui se décideraient à promouvoir un retour des diversités esthétiques à nouveau coexistantes dans les manifestations culturelles d’envergure.

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 Fernando Botero.

 Mitoraj et Botero n’ont besoin de rien, ils existent internationalement et vivent de leur art depuis déjà quelques décennies. Je pense aux artistes vivants que l’on ne voit plus dans les sphères de l’art contemporain. L’espoir de certains acteurs de la scène culturelle est de ne plus voir esthétiquement des artistes qui à leurs yeux retardent l’hégémonie de l’art contemporain qu’ils veulent voir régner dans les esprits des créateurs. C’est cet élément qui doit nous interpeller sans acrimonie, mais tout de même : notre époque risque de devenir l’ère où nous perdons plus d’éléments essentiels de culture que nous en créons de nouveaux.

C’est bien entendu comme cela depuis des lustres, donc Cervantès et son Don Quichotte ne sont pas loin…

Gutta cavat lapidem (non vi sed saepe cadendo).

Dario Caterina

Le 19 aout 2012.

[1] Marino Marini : né à Pistoia, en Toscane, Marino Marini rentre en 1917, à l’Académie des beaux-arts de Florence pour suivre les cours de peinture de Galileo Chini et sculpture de Domenico Trentacoste.

J’ai le souvenir de la première fois où j’ai découvert un cavalier du sculpteur, je me suis demandé dans quelle direction regardait le personnage assis sur sa monture. Il ne fut pas long à ce que son regard scrute l’infini et m’indique notre positionnement dans l’univers. Seul, mais en route pour le mystère…

[2] L’aura d’une œuvre d’art, terme que j’utilise couramment dans mes chroniques revêt pour moi un sens décontextualisé iconoclaste de l’œuvre de Walter Benjamin. Loin d’être un spécialiste en philosophie, le terme exprime simplement un point de vue d’interprétation de ce qui constitue une part de mystère qui répond à une vision de l’art platonicienne.

[3] Walter Benjamin à travers sa réflexion sur le statut des œuvres d’art à mis en évidence prémonitoire ment le changement de cap opéré par notre époque postmoderne au sujet du statut de la production de celles-ci. Bien entendus, l’ouverture qui consiste à se débarrasser de l’œuvre unique, c’est-à-dire le chemin ouvert par marcel Duchamp et le ready-made, a permis un nouveau champ d’action artistique qui aujourd’hui utilise tous les nouveaux médiums techniques y compris faire réaliser son œuvre par quelqu’un d’autre, la signature de l’artiste n’ayant plus la même fonction que par le passé.

[4] Andy Warhol fut certainement le premier, après Marcel Duchamp a sonné, le tocsin de l’entrepreneur en art. Néanmoins, et c’est bien la le paradoxe, on peut aimer ce que l’on combat…

[5] La Documenta de Cassel est un des évènements artistiques les plus importants de la scène de l’art actuel, celle-ci à lieu tous les cinq ans et à l’ambition de réaliser un état des lieux de l’art actuel. Suivant la voie de l’évolution toute darwinienne de la culture, la commissaire de cette édition n’a pas manqué de réaliser un coup d’éclat en annonçant que notre époque est en passe de ne plus se poser la question de savoir si c’est de l’art ou pas quand nous contemplons les œuvres postmodernes des créateurs d’aujourd’hui. J’ai lu cette information dans la presse, donc pas directement, je reste prudent sur l’interprétation. L’art actuel serait l’ouverture à un monde nouveau de l’art ? Les détracteurs de l’art actuel seraient des réactionnaires nostalgiques d’un monde qui disparaît ? Bref,  il y a l’avenir et le passé… mais dans quel ordre pour l’avenir ?

[6] Villanoviens : Il s’agit du nom donné à la population endogène de l’espace géographique que l’on nomme aujourd’hui la Toscane.

[7] Les Étrusques et leur histoire laissent encore aujourd’hui bien des zones d’ombres culturelles. C’est aussi le cas pour les Basques et bien d’autres peuplades qui occupait des régions géographiques européennes avant l’ère de l’histoire classique.

[8] Manzu Giacomo : Giacomo Manzù, pseudonyme de Giacomo Manzoni (Bergame, 22 décembre 1908 – Rome, 17 janvier 1991) est un sculpteur italien figuratif.

L’intérêt que je porte à l’œuvre de Manzù est essentiellement lié à son travail sur les sculptures ou il utilise la silhouette ecclésiastique par excellence, la silhouette papale. Sculpteur moderne du renouveau sacré, donc œuvrant avec des convictions chrétiennes, n’est pas le point le plus important à mes yeux. Mais l’architectonie de ses sculptures plus particulièrement la série des papes est une réminiscence réussie de principes sculpturaux présents dans l’architecture des cathédrales. De ce point de vue, il peu intéresser l’agnostique athée qui peut être, nous deviendrons tous un jour ou l’autre dans notre monde occidental.

[9] Botticelli est un des artistes renaissants qui a le plus intégré dans son œuvre des éléments païens liés à la région de Toscane. En dépit des conditions historiques et religieuses de l’époque, certains artistes ont enrichi leur art de connaissances qui dépassaient le carcan étroit des règles culturelles religieuses. Le risque était certainement moindre quand il s’agissait d’artistes que de scientifiques, l’exemple de Galilée est probant.

[10] Igor Mitoraj, rencontre un succès populaire à la faveur d’un choix esthétique qui rend ses sculptures lisibles à un large public populaire. Aucun rejet rétinien primaire ne vient hypothéquer la vision de l’œuvre. Néanmoins, faut-il y voir une démagogie marchande de la part de l’artiste ? Je ne le pense pas, il doit s’agir d’un choix lié à une idée simple de départ qui s’impose à l’artiste par une adéquation parfaite de l’idée et de son contenant. Des chercheurs qui cherchent ont en trouve, des chercheurs qui trouvent ont en cherche… Oui, mais dans quel ordre…

[11] Botero Fernando, né le 19 avril 1932 à Medellín, est un aquarelliste et sculpteur colombien réputé pour ses personnages aux formes rondes et voluptueuses.

Fernando Botero est un artiste colombien, amateur de Pablo Neruda et de tauromachie. Je l’ai découvert lors de mes études à la faveur d’un de mes professeurs qui admirait son travail qu’il avait eu l’occasion de voir lorsqu’il était professeur de sculpture en Colombie début de l’année soixante. Il y a de cela plus de quarante ans, mais je reste attachée à la première impression que j’ai ressentie lors de la découverte esthétique de ses personnages gonflés. Mon interprétation vaut ce qu’elle vaut, elle est subjective et peut-être pas conforme aux réelles motivations de l’artiste. Mais, les œuvres d’art nous appartiennent-elles encore, quand celles-ci sont présentes dans un autre esprit ?…

[12] La critique est une activité très compliquée, dont l’exercice déontologique est complexe. Je prends le risque, même si parfois la douleur n’est pas absente de l’exercice, pour laquelle je n’ai aucune légitimité scientifique… Et bien merde alors…je m’occupe de la suivante…