Art public : l’installation d’œuvres d’art dans les espaces publics

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James Turrell [1].

James Turell, Louise Bourgeois, J.M.Othoniel, Christo, Botero, Bruce Neumann, Richard Serra, etc.

La pratique de la sculpture liée à l’installation d’œuvres d’art dans les espaces publics est un processus lent. Encore peu populaire, elle met du temps à se mettre en place. Idéalement, elle doit constituer, pour les candidats-artistes et les professionnels, une opportunité de promouvoir un art davantage adapté à la culture pour tous, au cœur de la société civile. Depuis peu, certaines œuvres sont conçues pour demeurer sur les lieux pour lesquels elles ont été prévues. Bien sûr, depuis l’antiquité, on observe l’installation conventionnelle d’œuvres sculpturales importantes pour la vie de la cité, celles-ci coïncidant métaphoriquement avec les aspects culturels les plus prégnants pour les peuples qui se sont succédé tout au long des trois derniers millénaires.

Depuis le dernier tiers du XX ° siècle, les artistes s’invitent dans les espaces publics d’une tout autre manière que par le passé. Quelques exemples importants de réussites d’installations artistiques de sculpteurs de renom ont modifié l’appréciation que nous pouvions faire de la sculpture monumentale héritée du passé. L’exemple de Louise Bourgeois illustre parfaitement la possibilité de produire la sculpture avec un point de vue faisant référence aux sciences humaines, en l’occurrence à la psychologie. L’exemple de la grande araignée est parlant en soi. L’installer dans l’espace public totémise l’œuvre d’art comme métaphore des souffrances à nommer pour créer une catharsis et éventuellement les dompter. La maîtrise parfaite dont a fait preuve Louise Bourgeois en faisant coïncider ses oeuvres artistiques et la sculpture avec la compréhension des sentiments, voire de la vie de tout un chacun lui permet de réaliser une part extrêmement importante et authentique de la fonction de l’art pour tous. Heureusement, l’art est très riche : il existe d’autres points de vue. En ce qui me concerne, je ne renonce nullement à l’idée positive, somme toute éternelle, du signe que représentait la seule présence d’une œuvre d’art dans l’espace de vie de la cité. Ces œuvres étaient, par le passé déjà, le gage de la réussite d’un peuple, réussite incarnée par la sculpture : symbole de l’âme et de la culture qui en émane, pour tous. Il faut comprendre ici que la fonction des artistes, par le passé, était en adéquation totale avec les forces en présence dans l’univers social : les élites qui construisaient les sociétés et les philosophies qui présidaient à leur développement. Aujourd’hui, il faut néanmoins construire l’avenir. Les tentatives d’appréciation de l’espace, pour les sculpteurs intemporels [2], sont de nouvelles déclinaisons philosophiques d’un même corpus spatio-temporel, avec la seule nouveauté du point de vue comme inclinaison fraîche à sensibiliser l’espace-temps. Les artistes contemporains, eux, se sont emparés de la sculpture, du cinéma, de la photographie, la vidéographie et la peinture, la performance et l’installation comme outils pour entamer cette nouvelle aventure.

Tadashi Kawamata

Vingt-quatre images à la seconde sont nécessaires à la reconstitution du mouvement du déplacement du corps humain. Nous sommes, avec le cinéma, dans le prolongement photographique d’un biotope du réel suscitant l’objectivité ou la subjectivité d’un même sujet. L’avancée considérable que l’image a provoquée lors de l’appropriation de ce nouveau médium par les artistes et l’art de la narration visuelle liée à l’écriture ont rendu possible une poétisation de la représentation du réel autour de l’écrit, sous forme de scénarios sentimentaux, sociaux, dramatiques ou politique. Cela a permis de figer l’espace-temps dans un continuum restreint : du temps réel incarné par une histoire sensible qui met en œuvre la vie, pas la vraie, mais une métaphore de sa représentation poétisée. Cela semble bien commencer par le phénomène de l’image. La photographie fut bien le précurseur. Le cinéma, lui, a poussé plus loin la transformation du monde de l’art et du documentaire. La peinture n’a pas été détrônée par la photographie, qu’à son tour le cinéma n’a pas fait disparaître, etc. Il nous apparaît assez aisément aujourd’hui qu’in fine, les différents médiums sont voués à constituer un nouveau corpus ornithoryngué [3] de l’art, plus classiquement dit : à fusionner transversalement dans l’expression artistique actuelle, pour pouvoir faire battre le cœur de l’art. Je n’ai pas encore cité la vidéo, nouveau médium empreint d’une grande légèreté de fonctionnement, à la disposition des artistes qui choisissent de l’employer. L’art actuel doit beaucoup à la vidéographie dans ce qu’elle révèle de la sociologie de notre époque et son cortège d’aberrations en tout genre. Celle-ci ne se lasse pas de reproduire la vie à l’aide d’une nouvelle esthétique et de réinterpréter tous les thèmes abordés par la peinture, le dessin et la sculpture dans l’histoire de l’art. En effet, l’on retrouve tous types de déclinaisons de l’expressionnisme, de l’abstraction des corps et des objets, de l’expression d’idées politiques, de la contemplation du monde et des sentiments, etc. Il est bien entendu qu’en plus d’être un nouveau médium, la vidéographie a permis de figer l’éphémère de l’art, quand celui-ci s’exprime sous forme de performances exprimées dans un laps de temps très court. La photographie fut la première, de ce point de vue, à avoir une fonction pluridisciplinaire. La vidéo a ajouté le mouvement, le déroulement du temps et la recherche documentaire élevée au rang d’art à part entière…Quant à la question de l’aura, c’est une auttre histoire…

Louise Bourgeois

Venons-en à l’utilisation de tous ces nouveaux médiums dans l’art d’aujourd’hui. Lors de la mise au point d’un projet sculptural destiné à l’espace public, les artistes font appel indépendamment à leurs matériaux favoris, à tous les nouveaux outils numériques disponibles actuellement pour améliorer la pédagogie de leurs concepts. Cela favorise un dialogue entre les commanditaires, l’artiste et le public, et aide à la bonne compréhension de l’œuvre d’art. Certains artistes, en l’occurrence James Turrell, participent d’une modification de l’espace pour amener le spectateur à partager une vision du réel sublimé dans une déclinaison métaphysiquement modifiée de l’art. Nous avons à faire à un changement de la base de l’appréciation du réel qui doit idéalement nous conduire à intégrer l’intérieur de l’art. C’est ce qui me plait plus particulièrement chez Turrell : l’idée selon laquelle toute les réalités, selon des modifications d’agencements, peuvent se transformer en une matière impalpable qui confine à ressentir un grand calme intérieur, proche du Bouddhisme ou des contemplatifs chrétiens [4]. Pour ma part, au-delà de la science ou du religieux, c‘est la poésie qui parle à travers l’œuvre d’un artiste.

Un artiste géographiquement plus proche de nous, Jean Michel Othoniel [5], participe de la transformation des espaces publics. Nous pouvons constater, à l’examen des documents regroupés des projets d’espaces publics de cet artiste, la diversité des éléments nécessaires à la construction de projets sculpturaux. Nous voyons de la photographie, des dessins et des commentaires liés à la conception de sa proposition d’intervention.

Jean-Michel Othoniel

Nous comprenons assez rapidement l’usage qu’il fait de son art pour changer l’objet public,  comme pour son projet sculptural pour les anciennes écluses de Caluire. Le point de vue purement initial du complexe, c’est-à-dire sa fonction de navigation et d’échanges industriels, migre vers une réalité supplémentaire de récréation artistique. Les lieux ne sont plus seulement un outil d’organisation de la société, mais deviennent porteurs d’une sensibilisation du réel par l’activité artistique. Ce qui apporte une amélioration visible de l’espace de vie en général. Un autre exemple , celui de Tadashi Kawamata [6], qui répond lui aussi à des préoccupations particulières à l’art public.

Christo

Voici venu le moment de parler de Christo [7], l’un des précurseurs les plus importants, au xx ° siècle , de l’art public et du land art, toujours en activité aujourd’hui. Il est l’exemple type de l’artiste qui rompt avec la tradition artistique historique et dénoue le lien de celle-ci à la bourgeoisie des amateurs d’art. Pourtant, à y regarder de plus près, cela n’est pas aussi simple. Pour avoir expliqué les motivations qui présidaient à son travail – à savoir : il n’y a aucun message particulier, sauf à se laisser porter par l’émotion ressentie lors de la vision de ses installations, celles-ci interrogeant le réel par leurs simples présences –, Christo explique également que son seul souci est de financer ses installations de par le monde et que le but ultime est bien la réalisation de ses œuvres. Pour mener à bien tous ses projets, il a recours à du sponsoring et à des expositions où il propose à la vente les documents de recherches qui composent la conceptualisation de ses futures interventions in situ. D’une certaine manière, nous retournons à la case départ : il ne s’agit plus à proprement parler de tableaux précieux, mais d’une œuvre — matérialité d’un concept –, la pensée de l’artiste. Et cela est fonctionnel. L’esthétique moderniste n’est pas absente des constructions conceptuelles sous forme de dossiers et accrochées comme des tableaux dans les galeries d’art. Le fonctionnement, dans le fond, reste identique et réalise la parabole : c’est nouveau, mais respectueux des anciennes procédures de vente et achat pour se retrouver in fine dans les salles de ventes… Ouf, le marché est sauvé…

Nous pouvons croire Christo dans la volonté qu’il a toujours eue de privilégier l’installation, car la difficulté de réaliser les œuvres gigantesques révèle en son chef une réelle nécessité artistique : céder à la tradition du tableau peint eût été bien plus bourgeoisement confortable à produire… Mais dans le fond, rien ne change vraiment. Ce n’est pas une critique, c’est seulement l’expression esthétique qui prévaut dans la mise sur pied des modèles conceptuels apparus à la faveur de la pensée de Marcel Duchamp, et qui trouve ici sa pleine autorité auprès de cette nouvelle conception de l’esprit du créateur post historique.

Fernando Botero

Patatras, revoilà l’histoire… Je suis persuadé que la vue de cette sculpture de Fernando Botero [8] doit susciter des commentaires désobligeants de certains intégristes de l’art contemporain : ce n’est pas le même môônnnde… J’ai rencontré autour de moi ce sentiment de supériorité des élites artistiques vis-à-vis de certains artistes… C’est toujours d’actualité, les artistes adorent les chapelles…

Bruce Nauman

Si l’on compare par exemple Bruce Nauman [9] à Botero, hormis l’esthétique très différente – caractérisée chez Botero par une critique sucrée de la bourgeoisie dans une pratique très traditionnelle de la sculpture et de la peinture, et chez Nauman par des expressions post-modernes de la colère –, on peut conclure à une proximité d’esprit, malgré des choix très différents de pratiques esthétiques. En résumé, la recette est la même – une réaction, un combat – mais le goût des aliments varie. Chez Botero, c’est toujours la même chose avec une esthétique monothéiste de l’objet et chez Nauman, c’est toujours la même chose, mais avec le cosmopolitisme des objets.

Et pourtant, par de nombreux aspects, il s’agit bien de la même pensée et du même discours critique de la société en général, certes plus tonique chez Nauman… Même type de pensées déclinées selon des esthétiques divergentes.

Bref…

L’obsolescence de la fonction sculpturale comme repère de culture coïncide avec notre époque. La sculpture, aussi que tous les autres médiums, n’est plus le symbole d’une culture globalisante, mais plutôt le support d’un concept, ou de mythologie individuelle. Nous sommes malgré nous amenés à rendre notre production artistique pédagogique. Car la compréhension des œuvres n’est plus à la portée des spectateurs tel quel. Je ne fais pas allusion ici à l’enseignement, qui lui trouve sa justification d’opacité des œuvres dans la construction mentale nécessaire à l’apprentissage d’une pratique qui doit s’articuler autour du questionnement et du sens que l’on donne à son activité créatrice. Il est normal de préparer à la pensée, même si la recherche artistique produit de l’incompréhension. Pour mieux dire : faire éclore chez le candidat-sculpteur sa vision intérieure dans le respect de sa propre personnalité, et non pas en le faisant bêler art contemporain comme l’époque le souhaite. Mais tout de même, il faut bien constater que le lien qui unit l’art et la culture échappe de plus en plus aux artistes. Pour la bonne et simple raison que l’éclatement des croyances, c’est-à-dire l’isolement de l’individu dans le biotope multi-censitaire, réduit les possibilités d’unification autour d’un même projet de société. Richard Serra [10] est un bon exemple de sculpteur représentant la proximité de l’art sculptural et de l’architecture. L’interrogation qu’il adresse à l’architecture civile par la présence de l’œuvre dans le biotope urbain participe du questionnement salutaire autour de la fonction de l’art dans les lieux où existe la vie. Il porte la voix du public qui n’est — peut-être — pas capable de comprendre le malaise de sa non-implication dans les choix esthétiques de ses lieux de vie. Mais le grand public , lui , saisit-il le message? C’est la question fondamentale : nous sommes de plus en plus nombreux sur terre, de plus en plus seuls, sans savoir exactement sur quel mode exprimer un véritable choix de société.

Richard Serra

C’est là qu’intervient l’art dans les espaces publics, peut-être (?) un des premiers symboles de l’après l’art contemporain. Il permet de réintroduire du lien entre les individus d’une même société. Le travail fourni par l’artiste à la découverte d’un aspect du monde sensible et cognitif lui permet de réaliser une synthèse positive forcée des éléments de culture ambiante et vivante à travers la diversité des cosmopolitismes qui composent nos sociétés actuelles. Cela permet métaphoriquement d’installer l’art là où il va servir d’interrompre [11] teur de solitude. C’est un signal que l’on donne à tous les individus d’une même société comme élément la constituant. Si l’on fait l’effort de s’interroger sur les lieux d’installations des œuvres d‘art, l’on provoque par là-même l’adoubement de l’espace comme symbole d’un bien commun artistique et culturel.

Pourtant, un élément essentiel manque à la sérénité de ce nouveau fonctionnement autour de l’art public. Il s’agit du malaise de l’instrumentalisation partisane de ce nouvel outil en faveur d’une ethnie artistique [12]. Pour prendre la métaphore de l’anthropologue, il faut considérer et nommer qui représente le chef de la tribu. Il s’agit ici du responsable politique. Il ne décide pas vraiment, mais il prend conseil auprès de conseillers éclairés. En l’occurrence, les commissaires d’expositions, grands prêtres de la doxa culturelle contemporaine. Ceux-ci, pour avoir été adoubés par leurs diplômes universitaires, ressentent la mission qui leur est confiée comme un sacerdoce de « grand prêtre de l’activité artistique ». Je me souviens d’un commissaire d’exposition, il est loin d’être le seul, interviewé par une journaliste de la RTBF au sujet de l’exposition « Voici ». A cette occasion, lorsque la journaliste lui demande si lui-même ne se considérait pas comme un artiste à part entière, il hésita un moment, et fini par répondre oui. Cette réponse, pour iconoclaste qu’elle puisse paraître, augure de l’importance que revêt cette nouveauté dans le landerneau des grandes expositions. En effet, elle correspond avec sincérité à ce que les commissaires souhaitent certainement atteindre lors du choix des artistes qui composent l’exposition. Le commissaire réalise une supra connectivité entre tous les participants et doit, à ses yeux, révéler son art de produire un super discours qui dépasse l’œuvre individuelle des artistes. De cette manière, l’exposition est la parfaite transcendance du sublime du commissaire : la vibration que lui (son art) a pu mettre en œuvre lors de la scénographie et la mise en résonnances des œuvres entre elles. Donc, son intervention s’apparente à celle d’un super artiste qui conduit à une interprétation et une compréhension de l’art supérieurement sensible. Un super-discours du discours…

Christo

« Cela n’a rien d’anormal », diront certains amateurs, mais ce n’est qu’un élément isolé dans un concert d’erreurs en tout genre commises depuis une quarantaine d’années. Je n’ignore pas la critique qui consiste à éviter, à la faveur d’une spécialisation des acteurs culturels, les erreurs du passé, car les caves gouvernementales sont remplies de croûtes en tous genres acquises par l’état ; disent certains intégristes de l’art contemporain. Bref,  toutes ces polémiques peuvent être débatues sans problème face aux critiques les plus sérieuses. N’empêche, je maintiens mon point de vue : les artistes perdent peu à peu leur liberté. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à constater l’uniformisation des calibrages que l’on réalise sur le profil des jeunes artistes. Lors d’une émission radio sur France Culture, un commissaire d’exposition expliquait sont agacement à constater, lorsqu’il examine les dossiers des jeunes artistes qui se présentent à lui, le formatage « petits entrepreneurs en art plastique avec dossier CV high-tech au profil de traders… ».

Tout n’est pas perdu, si la résistance gagne les grands maîtres de la doxa artistique… pardon… grands prêtres… Les chapelles existent, où les logerait-on… ?

Amicus Plato, sed magis amica veritas

Dario CATERINA.

Le 15 février 2012

[1] James Turrell est un artiste américain né en 1943 à Los Angeles dans une famille quaker d’origine franco-irlandaise. Son médium de prédilection est la lumière.

[2] Je nomme certains artistes « sculpteurs intemporels » car leurs œuvres ne sont en rien redevables à la doxa culturelle ambiante post années soixante-dix. Je pense ici à Louise Bourgeois qui incarne parfaitement le xx ° siècle, même si celle-ci bénéficia d’une renommée internationale qui débuta paradoxalement dans les années soixante-dix.

[3] J’utilise souvent cette expression comme métaphore d’une forme de transversalité de la nature. Effectivement, l’Ornithorynque symbolise parfaitement la superposition de divers éléments qui ne doivent pas se rencontrer, mais s’unissent parfaitement dans une nouvelle déclinaison viable de la nature. Toutes les forces positives qui s’unissent finissent par rencontrer la vie.

[4] Une certaine peur s’installe dans les esprits dès que l’on parle d’islamisme. Que les musulmans se rassurent, les chrétiens, et les religions en général, vont eux aussi provoquer la peur rien qu’à être évoqués, car l’époque perd la boule en ses croyances. Il y a une forme d’insulte qui surgit à vouloir imaginer le possible dialogue inter-religieux. Même si l’on ne fait pas partie des croyants, la laïcité a le droit de favoriser la réconciliation démocratique de tous les aspects des cultures, y compris religieuses.

[5] Jean Michel Ontoniel est un artiste français que j’ai personnellement découvert au centre Georges Pompidou. Il travaille plus particulièrement le verre qu’il utilise comme matériau-élément pour poétiser le détournement qu’il réalise sur divers objets ou lieux qu’il investit.

[6] Tadashi Kawamata est un architecte – artiste plasticien Japonais né à Okaido. Plusieurs Work Shop ont donné lieu à des vidéo-reportages sur les échanges entre les participants et l’artiste. Ses interventions dans les villes et les divers lieux qu’il a investis dans les années soixante-dix participent de l’art public. Ses installations éphémères interrogent les lieux urbains et l’histoire des peuples qui y vivent toujours actuellement.

[7] Christo est le nom d’artiste sous lequel est identifiée l’œuvre commune de Christo Vladimiroff Javacheff, né le 13 juin 1935 à Gabrovo en Bulgarie, et de Jeanne-Claude Denat de Guillebon, née également le 13 juin1935 à Casablanca au Maroc et morte le 18 novembre 2009 à New York. Ce couple d’artistes contemporains (« qui emballe la géographie et l’histoire ») s’est rendu célèbre par ses objets empaquetés. Naturalisés américains, ils ont vécu à New York dans le quartier de Soho.

[8] Fernando Botero est un artiste colombien vivant principalement en Italie. Il réalise ses imposantes sculptures en Italie, dans la ville de Pietrassanta, où les fonderies d’art sont légion. J’aime particulièrement ses sculptures pour le sentiment qu’elles m’inspirent de posséder une critique acide de la bourgeoisie tout en respectant des canons créatifs traditionnels. Botero parvient à rendre plaisantes des sculptures que l’on peut apprécier pour leur présence plastique sans escamoter l’acidité de leur contenu critique. Certains peuvent lui reprocher son embourgeoisement paradoxal et dire qu’il vit aux dépens des bourgeois qu’ils dénoncent, mais il n’est pas le seul dans ce cas, les Damiens Hurts et Consors n’’étant pas en reste.

[9] Bruce Nauman est un artiste vidéaste américain, peintre et performeur. Certaines de ses œuvres font appel à une forme transversale de la sculpture qui innove dans la perception de l’espace par l’impertinence des associations, parfois brutales. C’est un artiste d’énergie parfois négative, parfois symbolisant un cri réactionnaire salutaire.

[10] Richard Serra est un sculpteur né aux états unis. Représentant important du minimalisme monumental en sculpture. Il symbolise à mes yeux la réussite du dialogue possible entre art et environnement. En plus de la présence du matériau, la couleur de l’acier corten apporte une résonance particulière à la sculpture dans les lieux d’installation urbains.

[11] Il est parfois nécessaire de produire des monstres littéraires, inventer de nouveaux mots pas toujours judicieux, mais bon, une fois de temps à autre… Ce n’est pas parce que Ségolène Royal a commencé que…

[12] Ici, il s’agit de l’autorité présumée de certains spécialistes mandatés par les institutions politiques pour assumer le choix réalisé des esthétiques à promouvoir. Pour habiter la province, je peux concéder que cet aspect de la gestion des arts y est en général beaucoup plus équilibré et démocratique. Bien sûr, c’est moins grave, étant entendu que les provinciaux possèdent moins d’artistes de renoms, donc moins bancables que dans les capitales…