« BIO–LOGIQUE » : Sur la logique de production et de consommation des produits « bio » aujourd’hui en France / Caroline Champion

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Avez-vous déjà tenté de trouver une définition précise du « bio » dans un dictionnaire? Contre toute attente, ce terme, omniprésent dans les discours médiatico-commerciaux, est redoutablement absent des Larousse, Robert, et autres refuges lexicaux, sauf sous la forme d’une tautologie de type  « Bio : produit issu de l’agriculture biologique », ou comme ici :

Bio : Ensemble des activités économiques et sociales qui touchent la production, la mise en marché ou la consommation des produits biologiques (généralement alimentaires). [1]

Or, le renvoi du « bio » au « biologique » ouvre d’étranges perspectives, puique ce dernier terme désigne aussi bien ce qui est relatif à la biologie (en tant que discipline scientifique), que ce qui est relatif à la vie organique – si bien que les définitions du biologique juxtaposent innocemment « agriculture biologique » et « arme biologique », l’une se définissant en négatif de la « chimie » (« se dit d’un produit obtenu sans utilisation de substances chimiques » [2]), l’autre bénéficiant au contraire de ses avancées (« l’usage des toxines, de composés hautement toxiques élaborés par des organismes vivants, mais synthétisables par voie chimique, se rapproche de la guerre chimique » [3]).

Biologique, mais aussi naturel, organic, bio-dynamique : les contradictions et le flou lexical du discours qui accompagne le bio nous invite d’emblée à le penser comme un outil idéologique, non comme objet d’un discours scientifique.

On s’attachera donc à en cerner les enjeux, à en reconstituer la logique de production et de consommation, tout en essayant d’en objectiver les mécanismes, du point de vue du contexte de sa production d’abord, de celui de son idéologie et de sa consommation ensuite.

I – Le contexte de production du « bio »

Pour penser la logique du « bio » du point de vue de la production, il est indispensable de  revenir sur les étapes de son développement, qui vont nous permettre de nuancer et de préciser les réalités contrastées que recouvre cette appellation.

A) Le processus d’industrialisation de l’agriculture

Tout d’abord, on ne saurait comprendre l’apparition du « bio », sans revenir sur le contexte du monde agricole de la seconde moitié du XXe siècle [4].

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le mot d’ordre en France est de retrouver le plus rapidement possible l’autonomie nationale, en termes d’énergie et d’alimentation. L’Etat demande aux mineurs et aux agriculteurs de redoubler d’effort et d’augmenter considérablement leurs productions. Du côté de l’agriculture, cet impératif va accélérer le passage de la traction animale à la traction mécanique (tracteur, moissonneuse, et matériel de travail du sol plus performant), l’agrandissement des exploitations (corrélat d’un exode rural accéléré, les agriculteurs cherchant du travail dans l’industrie en reconstruction), et les programmes de recherche sur les engrais et l’amélioration des semences et de la sélection animale.

À partir de cette large dynamique, destinée à sortir de la pénurie, la France va rapidement devenir exportatrice en produits agro-alimentaires. Dès la fin des années 60, la production s’emballe, par le biais de l’industrialisation, vers la sur-production. Au même moment, les organisations de professionnels de l’agriculture (semenciers, producteurs d’engrais, ou de matériel), syndicats ou coopératives, deviennent de grands groupes et entrent dans une logique libérale à dominante actionnariale. En parallèle, les prémisses de la GMS [5] voient le jour, sous forme de centrales d’achat, qui achètent ces produits agro-alimentaires à moindre coût,  dégageant désormais des marges non sur la qualité mais sur la quantité.

Conséquence de cette dynamique : suppression des haies, remembrement, assèchement de zone humide, etc. – Les régions se spécialisent, les paysages et les structures culturelles se transforment.

B) Le « bio » comme alternative au système – l’exemple des AMAP

Or, c’est ici qu’en réaction à ces transformations, aussi violentes que rapides (de la fin de la guerre aux années 70), certains agriculteurs recherchent une alternative (parfois utopique) de retour à la terre et de petite production. Face au double impératif de performance et de concurrence qui étrangle progressivement les petits producteurs, il s’agit pour eux de trouver un nouveau modèle, qui permette  d’échapper aux grands groupes industriels, aux grandes coopératives, mais aussi au poids écrasant des réseaux de distribution de l’agro-alimentaire et de la GMS. Certains vont alors choisir de supprimer les intrants [6] chimiques, médicaments et pesticides, et de conserver des unités de production à taille humaine. Ils privilégient également la vente directe, et cherchent à court-circuiter les intermédiaires qui tirent des marges conséquentes de leurs produits.

Ici, le « bio » qui se dessine et s’organise progressivement constitue avant tout une alternative au système libéral, et une solution de survie pour les petits producteurs. Il faut sortir du système, et recréer un lien direct avec le consommateur. C’est notamment sur ce principe que se développera le système des AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne), réseau associatif au sein duquel le consommateur adhérant s’engage à acheter chaque semaine une partie de la production d’un agriculteur (sous forme de « panier bio »). Le producteur se trouve  ainsi assuré d’écouler ses produits, payés avant récolte et vendus à un prix indexé sur leur coût de production, et non sur le cours du marché [7]. Le « bio » s’inscrit alors dans une logique de circuit court, qui évacue les intermédiaires de l’économie capitaliste au profit d’une relation directe entre producteur et consommateur, qui va de pair avec des notions-clés comme la saisonnalité des produits, et la consommation de produits locaux.

Toutefois, et nous y reviendrons, le système des AMAP n’implique pas nécessairement le « bio » labelisé. Le mot clef de ce modèle est plutôt le « local », dont nous verrons comment il recoupe le « bio » sans toutefois s’y superposer totalement. Car le « bio » est aujourd’hui devenu un label, et même une marque, « AB », validée par les institutions [8], selon une charte et une série de normes à respecter. C’est ainsi que de stratégie alternative, le « bio » est devenu l’objet d’une réglementation institutionnelle [9].

C) Quand le « bio » devient un marché et une marque : « AB »

Le développement d’une forme de marque-label « AB » a permis l’élargissement des circuits de l’agriculture biologique à tout agriculteur se soumettant aux normes du « bio ». C’est ainsi qu’à partir des années 90, loin de se limiter aux petits producteurs, le « bio » se développe plus largement. L’industrie agro-alimentaire y trouve un cadre juridique à disposition, et un nouveau marché à conquérir. Elle se propose alors de distribuer ces produits « bio », qui cherchaient jusque-là à lui échapper, avant de prendre directement en charge leur production. On voit ainsi se développer dans les supermarchés des gammes de produits certifiés « AB », notamment des produits manufacturés (biscuits, plats cuisinés, jus de fruits, produits laitiers), en prolongement de la production agricole AB : en amont, des géants de l’agriculture soumettent une partie de leur production aux normes du « bio » ; en aval, des réseaux de distribution en supermarché, Casino, Monoprix, etc.

En effet, face à la saturation progressive des marchés et à la pression de la concurrence agro-industrielle, le « bio » constitue une opportunité en matière de marché, notamment parce qu’il fonctionne comme une alternative à la course à l’innovation. Il ne s’agit plus ici d’inventer de nouveaux produits, mais bien de dupliquer les produits existants sous une gamme « AB » D’ailleurs, souvent, les deux gammes cohabitent, sans se soucier des contradictions induites. Ainsi, La Mère Poulard, qui proposait déjà des biscuits et des tartes « traditionnels bretons » a récemment doublé sa gamme des mêmes tartes en version « bio » [10]. C’est ainsi qu’à partir de la labelisation de l’agriculture biologique, un nouveau marché AB industriel standardisé trouve la possibilité de se développer. Le « bio » fonctionne alors comme une marque, et devient vite un argument marketing, jouant sur un discours idéologique, dont il faudra analyser les mécanismes.

Avant cela, on peut également mentionner le cas du « commerce équitable », dont le développement suit une logique similaire à celle du « bio ». De la même façon en effet, concernant les produits coloniaux (thé, café, chocolat, sucre, etc, impossibles à faire pousser en France), une démarche de promotion des petits producteurs locaux se met en place, initialement dans l’esprit des AMAP, puisqu’il s’agit de payer les agriculteurs sur la base du coût de production, non du cours du produit sur les marchés internationaux. Ce processus aboutit à la mise en place d’un label « Commerce Equitable » [11]. De nouveau, l’industrie a rapidement perçu les opportunités de ce nouveau marché, et s’est engagée sur cette voie. On trouve ainsi aujourd’hui des produits Monoprix, Casino ou Carrefour, certifiés AB et Commerce Equitable – les deux labels se recoupant sans se recouvrir totalement [12]. Le Commerce Equitable concerne en effet davantage les conditions de travail et de paiement du producteur, tandis que le « bio » AB est davantage axé sur les conditions de production du produit. Toutefois, les deux marchent généralement ensemble, d’autant qu’ils sont tous les deux objets idéologiques, pris dans un discours dont il s’agit à présent de démêler les ressorts, voire les contradictions.

II – Consommations et idéologies du « bio »

La reconstitution du « bio » en tant que processus de production nous a permis de préciser les différences, en matière de produits et d’acteurs, que dissimule aujourd’hui cette appellation unique. En effet, si le terme, nous l’avons souligné, souffre d’un flou lexical profond, il rassemble également des logiques très distinctes, en fonction des acteurs qu’il intègre. On le voit, il n’y a pas un « bio », mais des formes de « bio » (si tant est que le terme ait un sens). Chacune de ces formes développe son discours, et répond à des enjeux distincts. On pourrait proposer leur synthèse par le biais d’une carte du « bio » et de ses acteurs :

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On le voit sur ce schéma, chaque domaine indexé au « bio » ne le recouvre pas totalement. Parfois même, les termes s’excluent réciproquement. Déplier ce schéma et faire jouer les catégories entre elles nous permettra de mieux comprendre les paradoxes idéologiques du « bio ».

A) « Bio » / « Local » : « Durable » ?

A priori, le « bio » implique le « local », notamment parce que la consommation de produits locaux rejoint le discours du « bio » sur le développement durable et la diminution de l’« empreinte carbone ». D’un autre côté, on l’a vu avec l’exemple des AMAP, le « local » (entendu comme réduction maximale de la distance entre producteur et consommateur, selon une logique de circuit court, de saisonnalité des produits, et de production à taille humaine) va lui aussi dans le sens du « bio », parce qu’il entend sortir de la course à l’hyper-productivité de l’agro-industrie.

Toutefois, les deux termes sont à distinguer, et loin d’être synonymes. Ils s’opposent même parfois radicalement, comme quand les supermarchés proposent une majorité de produits « AB » étrangers (produits manufacturés, mais aussi produits frais, fruits et légumes), afin de tirer les prix vers le bas (tout en restant nettement supérieurs au prix des produits classiques, nous y reviendrons), et les marges vers le haut. Tournant le dos au « local », car pris dans la logique de la GMS [13], le « bio » passe ici du côté d’une dynamique concurrentielle qui profite des différences de prix entre les pays producteurs, autant que des différences de législation du « bio » qui perdurent d’un pays à l’autre [14]. Or, par son importation même, l’ananas « bio » d’Egypte ou la salade « bio » de Chine ne perdent-ils pas le caractère « écologique » que leur production certifiée AB avait pu garantir ? Dès lors, le « bio » de la GMS, sans peur du paradoxe, s’éloigne du « local », pour ne rencontrer que superficiellement le « durable ». De ce point de vue en effet, en termes d’écologie « durable », « l’empreinte carbone » liée à l’importation de ces produits vient comme neutraliser tous les effets positifs d’une production exempte « d’empreinte pesticide ».

Suivant cette logique d’ailleurs, le consommateur soucieux d’écologie ne devrait-il pas se tourner davantage vers des produits locaux, fussent-ils exempts d’appellation, plutôt que vers des pommes de terre AB qui ont déjà parcouru 10 000 km, en plus d’avoir été produites selon des normes potentiellement distinctes [15] ? – Surtout s’il est quelque peu gastronome, et sensibilisé à la question du goût de ce qu’il consomme. En effet, point de vue saveurs, le légume non certifié, peut-être légèrement traité, mais cueilli à maturité, et consommé rapidement, n’aura jamais rien à envier au légume AB du Chili, cueilli trois mois plus tôt, mûri en soute avant de séjourner au frais sur les étalages d’un supermarché [16] !

B) « Bio » / « Sain » : « Durable » ?

Et pourtant, le « bio » d’importation se vend très bien en France, et les consommateurs n’hésitent pas forcément à acheter des tomates AB en décembre – hors saison, certes, mais pas hors-sujet : l’argument de vente n’est pas ici à chercher du côté du « durable », mais plutôt du « sain ». Ainsi, les biscuits AB Carrefour, emballés en sachet individuels, dans une barquette plastique, insérée dans un étui carton, ne sauraient communiquer sur la valeur « durable » de leur produit, pas davantage, semble-t-il, sur leur aspect « éthique ». Reste l’arme du « sain » : on touche ici à l’une des fibres les plus sensibles du « bio », notamment celui de la GMS, qui privilégie généralement l’argument « santé » du produit « sans pesticides ».

Point de vue marketing, le « bio » résonne alors auprès du consommateur comme le produit « qui ne donne pas de cancer » – voire, s’il est riche en anti-oxydants et en oméga 3, « qui empêche de vieillir ». C’est notamment dans cette optique qu’on peut comprendre la consommation actuelle de ces « superfruits », goji, mangoustan, grenade, qui inondent le marché « bio », sur la base de leur qualité nutritionnelle, rarement sur celle de leur qualité écologique (fruits d’importation d’Amérique Latine), encore moins sur celle de leur qualité gustative (acides, âpres, souvent farineux, ces fruits généralement vendus sous forme de jus, à avaler comme des médicaments !).

À travers les nombreux paradoxes du « bio », et en faisant jouer les termes de notre carte entre eux, on mesure ainsi l’importance de l’argument « santé » dans le discours du « bio » industriel standardisé. Ici, avant même de songer à « sauver la planète », il s’agit bien davantage de lutter contre ses angoisses morbides ; et le discours scientifico-médical, qui accompagne le marketing du bio, vient activer des mécanismes affectifs irrationnels, sous le couvert d’un discours apparemment rationnel – celui d’un positivisme absolu de type : « fumer tue » [17], devenu ici « manger des produits portant des traces de pesticide tue », selon une causalité pourtant extrêmement discutable [18].

C) Le « bio » comme objet idéologique

Ainsi, le « bio », par delà ses nuances et ses contradictions, se positionne d’abord sur une base affective ; et son succès massivement urbain est certainement à rattacher à un phénomène plus global de quête de sens et d’ « authenticité ». Les produits « bio » constituent en effet un refuge (affectivement rassurant) contre la standardisation et l’uniformisation massive des produits de l’agro-alimentaire productiviste, mais surtout contre l’anonymat de la production, qui est le corrélat de ce productivisme, et qui a pu alimenter différentes peurs, ponctuées de scandales liés à la question de l’origine des produits (vache folle, mais aussi OGM, etc.). Le « bio » a ici, dans l’esprit du consommateur, des allures de petit producteur, soit un visage « authentique » et rassurant ( »éthique », « local », « durable » et « sain ») – par delà les réalités de la production.

Or, derrière des discours qui travaillent sur l’origine en sollicitant des mécanismes affectifs forts, c’est bien l’idée de « Nature », et même de « Mère Nature », qui se profile. – Et l’Office québécois de la langue française a beau rappeler que « les adjectifs « biologique » et « naturel » sont souvent confondus, même s’ils ne correspondent pas tout à fait à la même notion » [19], la confusion lexicale n’est pas innocente. De ce point de vue, on peut notamment citer l’exemple du milieu vinicole, qui n’hésite pas à utiliser le terme « naturel » pour caractériser ses vins, aucune législation concernant le « bio » n’ayant encore été arrêtée [20]. Pourtant, si « le terme naturel se dit d’une chose qui n’a pas été modifiée par l’homme, alors que le terme biologique fait plutôt référence à une intervention humaine exempte de produits chimiques » [21], on parle aujourd’hui de « vins naturels » (pour désigner des vins plus « bio » que le « bio » lui-même – sans que personne ne semble s’inquiéter de ce qu’il n’y a précisément rien de plus culturel que le vin !

A partir de cet arrière-plan travaillant sur « l’authenticité » de l’origine, l’idée de « Nature » et même de « Mère Nature » (dans sa dimension affective, rassurante), le « bio » est à replacer dans un discours idéologique plus large, celui de la nostalgie de la terre – inscrit d’ailleurs dès son étymologie, avec des pères fondateurs à chercher du côté des Steiner et des Müller, qui officient en Allemagne et en Suisse avant la Seconde Guerre Mondiale, et prônent un retour à une harmonie mystique avec la Nature, dans un mouvement de retour à la terre, contre les « dégénérescences » du monde moderne [22]. Bien sûr, d’un point de vue individuel, la conscience du consommateur, flânant dans les « rayons bio » du supermarché, reste assez limitée sur ce point. Toutefois, c’est notamment sur la base de ce discours fondamentalement anti-industriel que le « bio » est aujourd’hui porté par le propos des décroissants comme idéal de consommation (par delà les réalités d’une production « bio » aujourd’hui essentiellement industrielle).

Enfin, pour conclure cette analyse du « bio » comme objet idéologique, il convient de changer d’échelle, de sortir de sa logique interne, pour s’interroger sur ce qu’il sous-tend et ce qu’il occulte en occupant tant de place dans les discours médiatiques. Il s’agit en effet de replacer la question du « bio » à son échelle réelle : il fait en réalité l’objet d’un discours qui occupe aujourd’hui une place médiatique inversement proportionnelle à sa place dans la production agricole, et dans la consommation des Français. – Soit une préoccupation des pays riches, passés du côté de l’abondance et de la surproduction ; et au sein de ces pays riches, un produit de consommation d’une part de la population assez aisée pour accéder à un marché qui pratique des prix prohibitifs pour la majorité des Français. Dès lors, le « bio » n’est-il pas en définitive un objet idéologique anti-social, qui méconnaît les problèmes de la pauvreté et du chômage ? Sa sur-représentation marketo-médiatique, qui en fait un enjeu primordial, n’occulte-t-elle pas purement et simplement les véritables urgences sociales ? De ce point de vue, ne faudra-t-il pas plutôt parler de progrès le jour où chacun pourra acheter du « bio » inconsciemment, simplement parce que c’est bon ?

Caroline CHAMPION

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[1] Office quebécois de la langue française, 2002. Voir aussi la définition qu’en donne le Larousse : « agriculture fondée sur la valorisation des processus biologiques naturels. Synonyme : agrobiologie. »

[2] Office québécois de la langue française, 2008.

[3] Encyclopédie Larousse, article « Biologique »

[4] Pour plus d’informations sur cette période, on gagnera à lire le travail de René Dumont, Voyages en France d’un agronome, Paris, Médicis, 1956, et l’article d’André Fel sur « Les révolutions vertes de la campagne française (1955-1985) », http://www.persee.fr/

[5] « GMS » (Grande et Moyenne Surface) désigne le secteur de la grande distribution.

[6] En agriculture, on appelle « intrants » les différents produits apportés aux terres et aux cultures, engrais, amendements (éléments améliorants les propriétés physiques et chimiques du sol, comme la tourbe, ou la chaux), produits phytosanitaires, activateurs ou retardateurs de croissance, etc. Intrant sur wikipédia

[7] Le consommateur, de son côté, se rend chaque semaine dans un point relais, chercher son « panier bio », dont le contenu dépend entièrement des saisons et de la qualité des récoltes.

[8] Voir par exemple la définition du label que donne l’Agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique : « Propriété exclusive du ministère français en charge de l’agriculture qui en définit les règles d’usage, la marque AB garantit à la fois :

– un aliment composé d’au moins 95% d’ingrédients issus du mode de production biologique, mettant en œuvre des pratiques agronomiques et d’élevage respectueuses des équilibres naturels, de l’environnement et du bien-être animal,

– le respect de la réglementation en vigueur en France,

– une certification placée sous le contrôle d’un organisme agréé par les pouvoirs publics, répondant à des critères d’indépendance, d’impartialité, de compétence et d’efficacité tels que définis par la norme européenne EN 45011. »

http://www.agencebio.org/

[9] Dans cette logique de certification, différents organismes ont développé des labels parallèles, comme « Demeter » ou « Ecocert », validés par des organismes privés (ce qui en garantirait l’objectivité). – Ici encore, la confusion est généralisée, et le flou entretenu.

[10] On reviendra sur l’étrange discrédit que l’apparition d’un produit « bio » au sein d’une marque jette sur les autres produits de la même marque, alors même qu’ils étaient marketés sur le ton du « traditionnel » : les « tartes traditionnelles de nos grands-mères » seraient-elles bourrées de pesticides, pour nécessiter un complément version AB ?

[11] Avec trois systèmes de certification du commerce équitable qui coexistent (Max Havelaar, Fairtrade et Transfair) avant de fusionner lors de l’apparition de FLO-Cert (organisme de contrôle du label).

[12] En 2001, quatre structures internationales de commerce équitable (FLO, IFAT, NEWS, EFTA) proposent une définition du commerce équitable : « Le commerce équitable est un partenariat commercial fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au Sud de la planète. Les organisations du commerce équitable (soutenues par les consommateurs) s’engagent activement à soutenir les producteurs, à sensibiliser l’opinion et à mener campagne en faveur de changements dans les règles et pratiques du commerce international conventionnel. » Commerce équitable sur wikipédia.

[13] « GMS » (Grande et Moyenne Surface) désigne le secteur de la grande distribution.

[14] En effet, si le label AB a récemment acquis une relative homogénéité européenne, on sait qu’il existe toujours de grands écarts quant aux normes et contrôles de l’agriculture biologique en fonction des pays, notamment dès que l’on sort de l’union européenne.

[15] On peut citer ici Laurence Salomon, chef du restaurant Nature et Saveurs à Annecy, qui oppose volontiers bio et durable en déclarant que « faire du 100%bio labellisé, ce n’est pas ce qu’il y a de plus intelligent au niveau environnemental », au moment de recevoir son laurier Ecorismo-Synhorcat de la meilleure initiative environnementale en 2008.

[16] C’est le discours actuel de nombreux chefs, qui mettent davantage en avant la notion de saisonnalité des produits, et de consommation locale, que celle de production certifiée AB. Voir notamment Alain Passard, Olivier Rollinger, etc.

[17] Il existe d’ailleurs, paradoxe suprême de ce point de vue, différentes gammes de tabac bio, qui portent à la fois la mention « produit sans pesticide ni ajout de substance chimique » et « fumer tue », les deux indications rivalisant de taille et renvoyant le consommateur à ses contradictions !

[18] A la question « le bio est-il meilleur d’un point de vue nutritionnel ou sanitaire ? », le dernier rapport de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) en 2003 conclut après 200 pages que «les nombreux facteurs de variation intervenant dans la composition chimique et la valeur nutritionnelle des aliments (variété/race, saison, climat, stade de maturité ou de développement, stockage, conduite d’élevage…) sont souvent plus importants que l’impact des facteurs liés strictement au mode d’agriculture.» Sur ce point, voir par exemple : http://www.quechoisir.org/. Quant à la question de savoir si le bio était meilleur d’un point de vue gustatif, on pourrait répondre de de façon tout aussi mitigée, compte tenu des écarts que recouvre l’appellation, tels que nous avons soulignés.

[19] Office québécois de la langue française, 2008, note sur l’article « bio ».

[20] En effet, au sens strict, les vins AB sont aujourd’hui des vins utilisant des raisins issus de l’agriculture biologique, sans que le processus de fabrication du vin ne fasse lui-même l’objet d’une réglementation de type AB. De façon significative, c’est le mot « naturel » qui prend alors le relais pour désigner (sans base législative cependant), les vins à processus de vinification de type « biologique ».

[21] Office québécois de la langue française, 2008, note sur l’article « bio ».

[22] On ne saurait insister sur les rapports qu’ils entretiennent avec la pensée nazie, incubateur historique de l’idéologie verte. Il faudrait plutôt revenir également sur la fascination du Dr Steiner pour l’occultisme, Goethe, et le discours romantique sur la nature, qui constitue certainement une autre clef pour penser le vert aujourd’hui.