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Traduits de l’américain par Abigaïl Lang
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Solitude à Linden
……………………d’après Wallace Stevens
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La peur et la rumeur sont une.
Monuments de spectacle qui fichent tout en l’air
Jusqu’à ce que le climat se fatigue des gens
Et que les gens se fatiguent de la danse.
Never, never, never plus.
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La mesure de la ville sur fond de ciel qui refroidit
Combinant six millions de mélodies
En un tout dépassant ce que les tons tatouent
Ou ce que leur mosaïque brouillée ne confisque
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Et si la fumée et l’espoir
Sont un ? Mon singe, de ’49
marche aussi silencieusement que ces chansons
Le long des cratères d’obscurité
Où les juifs font des choses de juifs
Que personne ne prétend comprendre
Ou bien sont-ils des pèlerins en cette nuit
Où la peur et la rumeur sont une ?
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Une flamme dans ton cœur
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Aussi lent que Mathusalem et vieux comme
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la mélasse, le temps passe mais jamais personne ne
fait rien pour y remédier — l’eau de Seltz
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au club mardi tellement plus louche
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que par le passé et le ouistiti géant
dans la chambre réclame davantage de biscuits et de lait
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avant de s’effacer dans l’hernie fiscale de la mémoire.
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Autrefois tu venais vers moi dans une ombre
et je ne sais comment compter les années
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depuis, puisque compter est la chose même que
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j’apprends à ne pas faire. Ton bracelet
orne ton poignet comme un chevalier fervent
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réclamant la clé de la cabane en ruine
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sur les dunes. Un béguin répare ce que
Le bouc accapare— un océan de si près
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et puis à nouveau, jusqu’à ce que tous les plis
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se rassemblent dans le virage. Et nous nous rencontrons,
comme des acteurs dans une mini-série pour la télé,
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au bout de la jetée dans une impasse ou
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sur un vapeur ou sur une place pleine de monde dans
une ville d’Italie non identifiable qui se révèle
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être Bayonne. Tu es dans la scène
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finale et moi aussi mais nous ne nous reconnaissons
pas parce que nous sommes au-delà
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de tout ça. Alors le signal retentit
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d’une musique insupportable et nous nous évanouissons
dans le son, en nous-même comme illusions
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comme n’importe quel brave zig qui désire
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la finitude infinie : une simple balade dans la rue
de l’enclos imaginaire qui devient réel
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lorsqu’on est deux.
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Disons seulement
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Disons seulement que chaque fois que tu chutes tu ne heurtes pas le sol
Disons seulement que lorsque le jour finit la nuit refuse de tomber
Disons seulement que si tout le reste te trahit tu peux au moins compter là-dessus
Disons seulement qu’un tiens vaut mieux que deux choléras
Disons seulement que la pourpre ambroisie de ton désir le plus intime est le nectar d’un dieu qui ne juge jamais bon de passer
Disons seulement que si le hasard accorde les possibilités, la mélancolie diffère l’insomnie
Disons seulement que le sommeil est la face noire des rêves
Disons seulement que parfois une rose n’est qu’une fleur illisible
Disons seulement que chaque pas en avant est aussi un pas vers nulle part
Disons seulement qu’on ne peut étancher la soif de savoir qu’en apprenant à rester insatiable
Disons seulement que le vert ne fait jamais que réfléchir l’idée de vert
Disons seulement que je fais ma rencontre non pas dans le miroir mais dans le fumier
Disons seulement que chaque porte mène à une autre porte
Disons seulement que nous le pensons avant de le voir ou mieux que nous le voyons au moment où nous le pensons
Disons seulement qu’à deux pas est parfois un monde de là
Disons seulement que l’amour n’est ni fait ni à faire
Disons seulement que la fille est la mère de la femme
Disons seulement que sans désordre il ne peut y avoir d’harmonie
Disons seulement que le but n’est pas de gagner mais de ne pas trop perdre
Disons seulement qu’un couteau dans le dos vaut mieux qu’un couteau dans le cœur
Disons seulement qu’entre le sommeil et les rêves il y a la réalité derrière la réalité
Disons seulement que je suis très faible et que je veux prendre un bain
Disons seulement que la vérité se trouve quelque part entre nous
Disons seulement que le sommet d’une tour n’est pas un bon endroit pour se cacher
Disons seulement que l’espèce humaine souffre sa langue
Disons seulement qu’un oiseau ne peut pas toujours être en vol
Disons seulement que nous ne sommes pas loin de là où nous serions si nous avions vécu de meilleures vies
Disons seulement que drôlement triste aspire à devenir un oxymore
Disons seulement que si le soleil est un rocher en fusion dans l’espace alors la terre est un éclat filant depuis sa désignation
Disons seulement que l’on ne gagne pas grand chose quand on ne perd rien
Disons seulement que le mensonge de l’esprit est l’éclairage de la perception
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La ballade de la mauviette
pour Felix
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La vérité meurt sous un voile de pleurs
Les plaies des affligés durcissent de peur
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Une démocratie jadis projetée
Est constamment rognée et souillée
Par des hommes aux desseins pervers
Qui préfèrent la haine au vers
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La complexité est un gros mot
Pour ceux qui comptent en avoirs ou en pas
Qui vilipendent les faits de Darwin
Pour adorer la vérité selon Sarah Palin
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La vérité meurt sous un voile de pleurs
Les plaies des affligés durcissent de peur
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Des voyous venus de l’enfer ont saisi la liberté
Les riches s’enrichissent et les pauvres meurent tôt
& le seul dieu à sanctionner ce fiasco
N’est en rien un dieu mais une rhétorique à la con
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Alors sois une mauviette
Conduis-toi en femmelette
chante une chanson de tapette
& danse comme une mauviette
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La poésie ne gagnera pas la guerre contre la terreur
Mais pas davantage l’erreur encouragée par l’erreur
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Nous les mauviettes nous ne craignons pas
L’incertitude, l’interdépendance ou la raison
Nous réfléchissons avant de nous battre, puis réfléchissons encore
Proclamant notre foi en l’écoute, en l’art et en l’accord
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Alors sois une mauviette
Conduis-toi en femmelette
Chante un air de tapette
& danse comme une minette
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Les mauviettes ont tué le christ
À en croire le DVD de platine
Les juifs & les noirs & les gays
Demeurent une contrariété
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Nous regrettons d’avoir tué votre dieu
Il y a bien longtemps longtemps
Mais chaque soldat qui meurt en Irak
tue le dieu intérieur, ce dieu qui n’est toujours pas mort
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La vérité meurt sous un voile de pleurs
Les plaies des affligés durcissent de peur
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Alors sois une mauviette
Conduis-toi en femmelette
Chante un air de tapette
& danse comme une minette
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Des voyous venus de l’enfer ont saisi la liberté
Les riches s’enrichissent et les pauvres meurent tôt
& le seul dieu à sanctionner ce fiasco
N’est en rien un dieu mais une rhétorique à la con
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Alors sois une mauviette
Conduis-toi en femmelette
chante un air de tapette
& danse comme une minette
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La vérité meurt sous un voile de pleurs
Les plaies des affligés durcissent de peur
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