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1/ Jerome Rothenberg Y-V after dada 2/ Pierre-Albert Birot Poèmes à crier et à danser 3/ John Giorno Every one is a complete disapointment 4/ Noigandres Cidade city cité 5/ Charlemagne Palestine Sliding fifts for piano 6/ Mayakovsky Four horse men 7/ Ghérasim Luca Passionnément 8/ Dieter Roth Lorelei 9/ Paul Dutton M’n’an M’ 10/ Sarenco + Franco Verdi Paloma negra 11/ Julien Blaine La virgule & l’apostrophe (extrait) 12/ Adriano Spatola Hommage à Eric Satie 13/ Gil Wolman

La mémoire

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Premières écoutes : Jeudi 3 juin à 12h et minuit puis jusqu’au 10 juin, mêmes horaires.

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LA PERFORMANCE
C’est à partir de ce texte ou en rapport avec ce texte ou en opposition à ce texte que le plus important courant de la poésie contemporaine s’est positionné, que ce soient les poètes de la première génération encore fortement impliqués selon les avant-gardes historiques (futurisme, dada, cobra ou fluxus) : poésie concrète, poésie visuelle ou poésie sonore ; puis ceux de la génération suivante qui développèrent leur poésie par l’articulation aussi bien celle des voix que celle des corps (happening, poésie élémentaire, poésie action) qui amèneront la poésie essentielle de la fin du XXe siècle et du début du troisième millénaire : la performance.
Enfin ceux de la nouvelle génération qui restent dans leur corps et qui disent par la bouche et écrivent par leur langue ou celles et ceux qui ont prolongé les prothèses du magnétophone et du microphone par les ordinateurs et les outils électroniques.

Julien Blaine

LA PERFORMANCE

C’est un corps dans un espace et c’est un son dans un corps, ce son est celui de mon corps ou celui de cet espace, c’est un son de nature : voix, viande, &c. ou un son d’artifice : musique, bruits, &c. Puis c’est un geste du corps et un mouvement de cet espace et comment jouent ensemble le geste du corps et le mouvement de l’espace. Le mouvement de l’espace est proprement celui de l’espace mais aussi du peuple de cet espace : du public. Là, tout va bouger : le corps, l’espace, le son, le geste… Et la rencontre sera ou s’évaporera. Là, aux entrepôts frigorifiques, sous les voûtes dans cet espace en bord de Seine aux frontières d’une friche industrielle qui sera une université parisienne (l’université Denis-Diderot) la rencontre s’est établie… Quant à l’enseignement : l’université future ne pourra jamais faire mieux. ————————————————–

octobre 2002

*Post-Scriptum
c’est un art désespéré

P.S. no 2 Si je dis « à ce jour », c’est comme s’il y avait une lueur d’espoir, or l’obscurité est totale. Néanmoins, « à ce jour », toute révolte contre l’injustice comme tout combat pour la justice – ce qui n’est pas la même chose –, celle des hommes, celle qui fait la différence avec la barbarie des animaux domestiques, ont été un échec. L’administration américaine made in USA (héréditaire et désormais truquée) et l’administration russe made in URSS (mais oui ! mon pote Poutine ! en URSS !) règnent règnent sur le monde aidées par leurs chiens et leurs faucons deux bêtes faciles à apprivoiser.

printemps 2003

P.S. no 3 En ce début de millénaire la performance est guettée par 4 dangers : 1/ le gag trop intelligent 2/ le gag trop idiot 3/ la saynète théâtrale 4/ le monologue pour cabaret à touristes 1 risque : 1/ la longueur et 2 réalités : 1/ les critiques hors média et hors style s’emparent, désormais, de cette discipline et, hors de cette culture, la définissent néanmoins (en tant qu’ingénieurs d’un appareil critique d’une machine hors circuit) 2/ ceux qui pratiquent ça parce que ce serait être à la mode… et 5 con tenus néfastes 1/ l’engage ment simpliste et altruiste 2/ le sexuelle ment nu ou opaque 3/ les symboliques et les ri tu els pisse de chat et caca-boudin 4/ la mise en scène de l’antipathie spontanée et radicale des artistes entre-deux (entre deux âges, entre deux styles, entre deux &c.) à l’égard des autres artistes (jeunes et vieux, physiques ou technologiques, &c.)

5/ le retour au happening, gutaï et autres spectacles avec participation obligatoire du public.

P.S. no 4 En ce début de millénaire la performance est partout avec le théâtre, la danse, la musique, les arts plastiques et c’est tant mieux… Mais elle est aussi enseignée dans les Écoles d’Art et là c’est tant pis. Pauvres écoliers qui se retrouvent face à des jeunes femmes ou des jeunes hommes voire des vieilles femmes et des vieux hommes qui sont loin de leur corps et de leurs actes, loin de leur vie et de leur désir, loin du risque et du plaisir, loin de la haine, de la révolte et de l’amour, et qui conduisent ces écoliers de colloques en séminaires sur les

autoroutes du savoir mort.

P.S. no 5 En ce début de millénaire, moi, après 42 ans passés à en faire (des perfs c. à d. des poëmes en chair et en os) j’arrête, j’arrêterai fin 2004. Je vous dirai et je vous dis : ça commence à Marseille à la Friche de la Belle-de-Mai le

18 novembre 2004.

Après, je me planquerai dans les résidus : livres, disques, films, expos et autres traces ordurières.

P.S. no 6 Finalement, je fais des expositions pour publier des livres : des livres, pas des catalogues. Le livre dans l’espace donne le livre dans le livre. Et après je peux lire le livre, le lire de tout mon corps, en chair et en os…

printemps – été – automne – hiver 2003

P.S. no 7
Désormais, mon corps n’est plus à la mesure de mon ambition…

P.S. no 8 À part Balint Szombathy qui, bien que plus jeune, fait plus vieux que moi, j’étais le benjamin de la fournée de l’E.P.I. Zentrum Der Lange Atem (Zbigniew Warpechowski et Jerzy Beres de Pologne, Janet Haufler de Suisse, Sten Hanson de Suède, Balint et moi), rencontre à l’initiative de Boris Nieslony… Alors oui ! Je me suis dit : « Oui ! Je pourrais, comme eux, comme elle, continuer à performer, montrer mes rides et mes plis, mon souffle court et mes muscles flasques, ma peau flétrie et mes poils blancs et nos infirmités (comment écrivais-je « ça », jadis, dans mes Bimots ? : Poumons / goudronnés – Cartilages / déconjugués – Reins / ensablés – Foie /engorgé – Vaisseaux / encrassés – Peaux / rides – cheveux / blancs – Poils / gris – Muscles / douleurs -Viscères / douleurs – Squelette / douleurs – Cervelle / mémoire) La vieillesse est déjà une performance si elle est exhibitionniste. Mais c’est une perf, à partir d’un âge certain, à la portée de tous. J’ai vu Isou en slip Kangourou, Esther enrubannée de scotch transparent, et la grosse et vieille queue de Jerzy peinte aux couleurs de la Pologne, et moi, en ai-je assez fait, nu, des « Appels au linge » ! L’ange et L’un seul ou le lange et le linceul… Donc, désormais je resterai vêtu, et assis, calme, derrière une table, pour lire clair, sobre, digne (à la rigueur : debout), vrai. Le texte, lui, sera à poil & au poil – c’est du moins mon souhait et ma volonté.

Je laisse à mes amis et à mes ennemis, à mes chers infirmes plus ou moins diminués, leurs textes dits, agités & datés.

P.S. no 9
J’ai été souvent ridicule et normalement grotesque de 1962 à 2004 (inclus)…

P.S. no 10 (le + & le – ) C’est bien, que j’arrête la perf. (le poëme en chair&en os et à cor&à cri ) : de 5 à 5 000 personnes spectatrices-auditrices, je n’ai toujours qu’un public de 2 personnes : l’une qui dit : « Vous êtes obligé d’hurler tout le temps ?* »

et l’autre qui me confirme que j’ai inventé le poëme olfactif**.

——————– * il vocifère, il faut s’y faire ** Ecfruiture

automne 2004

P.S. no 11
Voilà plus de quarante ans que je voyage à travers le monde pour voir du pays, rencontrer les gens, et je ne visite que des auditoires.

P.S. no 12 Si j’étais sincère (vrai-ment), je dirais que j’arrête la perf aussi, surtout, à cause du trac qui me brûle l’estomac et me ligote le cœur les jours qui précèdent et me rend insomniaque la nuit d’avant.

automne 2005

P.S. no 13 Militant, prêcheur, représentant, depuis 1962 j’ai dit et remué ma poésie tout autour du monde, j’ai agi devant des foules et des déserts. Je voulais convaincre par la confrontation avec eux, avec elles, avec tous. Les mettre en face de la poésie en chair & en os et à cor & à cri. Mais le monde est large, long, épais, dispersé ; trop traversé, trop desservi. Et le monstre qui m’écoute, qui me voit n’a que deux oreilles mais mille langues : je renonce.

hiver 2005

P.S. no 14
Celui que j’ai oublié dans toutes les précédentes publications de cette note : éliminer de la performance « l’esprit potache » qui a pris naissance dans le livre de Georges Duhamel, Les copains, et que l’on voit souvent resurgir chez les meilleurs d’entre nous.

P.S. no 15 (las ! : docte & magistral) Éviter aussi d’être l’un de ces artistes misérables qui rament toute une vie vers la célèbre-autre-rive-d’en-face pour faire du sur-place. Soyez où vous êtes ou sachez où vous allez.t.

printemps 2007

P.S. no 16
Pour mes déclara©tions je ne veux désormais, aucune béquille ni musicale ni électronique.

P.S. No 17 Pour le peu qui m’en reste, Eddy a changé ma vie, Eddy est un vénitien qui a rejoint, jadis, sa chérie à Marseille. Sa mère tenait le café de la Giarina dès l’entrée de la Biennale et Eddy a grandi – tous les deux ans – parmi tous ces artistes biennalisés… Il a repris le café restaurant du mac ( musée d’art contemporain de Marseille), c’est de famille ! Et après ma dernière presta©tion avec une sono dégueulasse, des ordinateurs qui calent et éclatent, des sons qui meurent, Eddy est venu vers moi : “Tu as une présence géniale, tu es un artiste énorme : tu ne dois plus accepter de travailler dans de telles condition avec du matériel pourri et des techniciens incapables” avec un délicieux relent d’accent italien et de l’agréable flagornerie dans les adjectifs du propos. Ma si ! Je ne travaillerai plus dans des conditions techniques modestes &/8 médiocres.

printemps 2009

P.S. No 18 Écrire avec expression, donc dire ou faire avec expression et par conséquent éviter ce qui est déjà a déjà été mieux écrit, mieux dit ou mieux fait auparavant avec une expression parfaitement exprimée. Exprimée à fond, sous toutes ces manifestations.

(expression : locution & démonstration)

P.S. No 19 J’ai dit : “ Bye-bye la perf. “ et je m’y tiens. Je n’ai pas dit : “ Bye-bye les déclara©tions “ “ Bye-bye les concerts et les improvisa©tions “ “ Bye-bye les expositions, les installa©tions et les dé monstra©tions “ “ Bye-bye les publica©tions “ Je suis désolé d’attrister ainsi celles&ceux ami(e)s chéri(e)s neufs ou moribonds qui pensaient que j’avais dit : “ Bye-bye à tout ! “

été 2009

P.S. No 20 La performance devient un art de citations et encore la méconnaissance ou la mais-connaissance des intervenants ne leur permet pas de savoir ou d’affirmer qui ils citent !

Je suis vieux et trop connaissant voire reconnaissant.

P.S. No 21 Le vieux nomade aspire désormais à une neuve sédentarité… D’ailleurs où que j’aille, je rencontre des amis que je connais déjà et qui me connaissent aussi – mieux que je ne les connais, sans doute – ou d’autres plus jeunes qui nous ressemblent…

automne 2009

P.S. No 22 Je ne lis plus, je feuillette parce que je fais, c’est le fait d’écrire…

Printemps 2010

P.S. No 23 À 67 ans achevée, je vois bien que j’ai raté ma vie sportive !

Printemps 2010

Julien Blaine
(2002/2010)

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ELEMENTS

Julien BLAiNE est né en 1942, à Rognac, au bord de l’Étang de Berre, flaque de mer jadis bleu-azur, aujourd’hui marron glacé. Il vit à Ventabren et à Marseille et nomadise le plus possible. Dénommé aussi Christian POiTEViN (patronyme) et d’une ribambelle d’autres noms. ÉDITEUR de Doc(k)s et d’une ribambelle d’autres périodiques. AUTEUR de 13427 poëmes métaphysiques et d’une ribambelle d’autres livres et catalogues. EXPOSANT de « du sorcier de V. au magicien de M. » et d’une ribambelle d’autres expositions. A présenté en mai 2009 une importante exposition au [mac] Musée d’Art Contemporain de Marseille : un Tri. ORGANISATEUR des Rencontres Internationales de Poésie de Tarascon et d’une ribambelle d’autres manifestations. FONDATEUR du Centre International de Poésie de Marseille (C.I.P.M.) et d’une ribambelle d’autres espaces culturels.

CHANTIERS EN COURS : la poésie n’intéresse personne, la 5ème feuille ou l’écriture originelle, le Verssicône, Chom’art, Confidences d’Églantin, Text’art, Ihali, &c.

La vie & la phrase continuent…

Pour en savoir plus :
www.documentsdartistes.org/blaine