La fin du désir dans l’art contemporain? / Dario Caterina

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Foire d’art contemporain de Bruxelles 2010. Photo / Dario Caterina.

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Ménines. Diego Velázquez. Prado.

« … J’ai vraiment l’impression que l’on assiste à un long processus d’enterrement de l’art. Je visite les foires d’art depuis la fin des années soixante-dix. Je n’ai pas le même plaisir ici que celui que j’éprouve dans les musées… ».

Voici exactement la réflexion que j’ai entendue par hasard, lors de notre dernière visite de la foire d’art contemporain de Bruxelles. Ce qui m’a donné envie de réaliser ma chronique en adoptant provisoirement ce point de vue, comme point de départ d’un essai sur la mort du désir dans la pratique de l’art contemporain. En fait, la question peut être tout simplement politique.

A peine cette réflexion exprimée par un visiteur, j’ai entamé la visite de la foire en marchant le long des allées composant le premier hall. L’impression furtive de ce spectateur, je me suis demandé si je la ressentirais également lors de la vision des œuvres qui constituent le début du parcours. Nous devons être extrêmement nombreux à  ressentir cette impression, avec différents niveaux d’appréciation. Tout d’abord, il faut considérer ce point de vue comme relevant de l’expression du malaise qui nait au sein des non-amateurs d’art contemporain. Pour ma part, ma position est plus complexe, mais allons de l’avant. Ces non-amateurs opèrent un refus assez simple de l’art contemporain et de ses nouveaux codes. Surtout, ils n’adhèrent pas aux changements esthétiques qui en résultent. Toute nouvelle voie doit s’affranchir de sa non-comestibilité pour les tenants des voies anciennes qui, elles, font le fondement de cultures consommées avec le recul de l’histoire. Disciple secondaire, ou disciple postérieur, chuchoterait Kierkegaard ?

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Bernardi Roig. Art Bruxelles. Photo  / Dario Caterina.

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Michelangelo Buonarroti. Vatican.

Dans les années soixante- dix, dès les premiers évènements artistiques importants, apparait la structure discursive d’une nouvelle ère. Celle du prolongement conceptuel de l’œuvre de Duchamp. Il y a bien un entre-deux, en l’occurrence l’art moderne, qui a un peu freiné l’avancée spectaculaire du règne du concept. Et il faut tempérer en précisant qu’il est réducteur de croire que la seule œuvre de Marcel Duchamp soit à la base de l’art contemporain. Léonard de Vinci déjà optait pour une fonction cognitive de l’expression artistique. Goya, Cézanne, les symbolistes sont les préconceptuels qui annoncent la suite. Je pense que depuis une quinzaine d’années, le concept a cessé d’être le seul ferment en tant que fondement de l’art actuel. Celui-ci est remplacé actuellement par la sociologie discursive. Il est donc normal d’avoir des réticences à adouber des œuvres d’art, en tout cas annoncées comme telles, alors que les codes de la culture historique ont toute la peine à s’y accrocher…

On ne peut s’empêcher de penser à la teneur du substrat qui constitue l’acte créateur, quand l’on compare les gestes nécessaires à l’éclosion artistique du point de vue ancien ou moderne. Prenons par exemple les deux reproductions ci-dessus, l’une de l’artiste espagnol Bernardi Roig [1] et l’autre de Michelangelo Buonarroti [2]. La première joue l’objectivité réaliste, usant de la présence de l’effet image réelle, sans être véritablement de la sculpture. L’autre, celle de Michelangelo, harmonie sculpturale utilisant la tragédie, se sert de la présence du corps comme tragiquement empreinte de sentiments, mais réalise une véritable sculpture architectonique, jouant sur l’œuvre vue comme un univers au delà du réel. L’objectivité de Bernardi Roig s’exprime, elle, dans une relation à la réalité humaine qui produit la sensation d’existence de la réalité objectivée. La sculpture de Michelangelo traduit la valeur que l’on suppose comme la métaphore parfaite de ce qui constitue l’essence d’une œuvre d’art. Voilà peut-être confusément ce que peut ressentir un spectateur, sans oser ou pouvoir l’exprimer ? Bien sûr, cela ne disqualifie pas l’œuvre contemporaine. C’est bien là un des enjeux politiques de cette question. Porter une critique sûre en usant de valeurs anciennes porte à faire croire – en tout cas c’est le crédo des absolutistes pro art actuel – que c’est par conservatisme que les détracteurs de l’art contemporain usent de leur mépris face à la nouveauté.

On a souvent associé au passé le concept de détenteur du savoir juste. Ce sentiment s’est maintenu monolithiquement jusqu’au début du XX° siècle. Non sans raison, mais souvent par conservatisme, et cela a provoqué des réactions de rejet injustifiées par rapport aux avancées de l’art contemporain. Parce qu’il faut bien le reconnaître, il y en a eu et pas des moindres. Il n’y a qu’à se remémorer les enjeux des peintres théosophes [3] du début du siècle passé. Ceux-ci ont permis d’identifier une part importante de l’expression artistique spirituellement axée sur l’indicible, la non-figure. Somme toute, cela nous amène à considérer l’art comme un soutien à la quête spirituelle d’un dépassement de l’esprit, annulant l’existence. L’on rejoint la beauté du dépassement de soi comme but à atteindre pour améliorer sa propre substance spirituelle.

Levinas vient quelque peu bousculer le postulat de la non-figure en posant la question de l’autre comme incontournable pour le siècle qui débute

Dans l’exemple suivant, nous nous confrontons à une problématique architecturale et picturale autour de deux conceptions qui s’affrontent par psychologisme [4] induit. Cela peut nous sembler bizarre d’appeler à la rescousse la psychologie, surtout dans ces temps perturbés par la corrida orchestrée par les matadors anti freudiens. Cela dit en passant, cette question est d’importance, car le choix est bien de savoir si la psychologie peut remplacer la métaphysique, même si celle-ci est déjà depuis longtemps mise en cause par certain philosophe «…nos philosophes ne sont-ils pas là pour ravaler au quotidien et au banal les choses surnaturelles ?… » [5]. On oublie un peu vite l’intérêt du mystère dans la construction mentale des êtres humains. Tout ne se voit pas, et tout ne s‘explique pas. Il ne s’agit pas de croyances religieuses ou superstitions moyenâgeuses, mais d’un point de vue que n’auraient peut-être pas renié les théosophes. Tout cela avec les nuances du libre arbitre, sentiment qui tend à disparaître sous les coups de boutoir de la pensée unique…

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Cité idéale / anti citée idéale ? Art Bruxelles. Photo / Dario Caterina.

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Cité idéale renaissante.

Si l’on compare les deux reproductions ci-dessus, la politique n’est pas absente de l’exercice auquel on se livre. L’interprétation kafkaïenne n’est pas loin quand nous regardons la première reproduction. Il s’agit sans doute d’une interprétation d’un certain rôle fascisant de l’architecture, du moins on peut le penser. L’artiste veut, peut-être, nous expliquer ce qu’il ne faut pas accepter ? Surtout, la déshumanisation architecturale du début du modernisme. Pourtant, nous savons que tout est éphémère. Même si beaucoup ont cru, comme pour la sculpture, que l’abstraction architecturale comme artistique avait balayé définitivement le pathos figuratif, nous savons aujourd’hui qu’il n’en est rien. Nous voyons resurgir des tentatives hybrides d’architecture écologiquement verte. Le musée Jean Nouvel à Paris et ses jardins exotiques est un bon exemple. L’impression ressentie est très éloignée des synthèses du constructivisme [6] du XX° siècle.

Pourtant, nous pouvons penser que rêver la citée idéale n’est pas obsolète, puisque celle imaginée par la renaissance reste un rêve à atteindre. Pas pour tout le monde, mais en tout cas pour tous ceux qui pensent qu’il est primordial d’allier certaines exigences physiques avec celles de l’esprit…

Pour ce qui concerne la représentation politique en art, les deux exemples ci-dessous sont symptomatiques de deux vissions qui n’ont cessé d’apparaître dans l’histoire de l’art, jusqu’à nos jours.

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Mao Tsé – Toung..Art Bruxelles. Photo / Dario Caterina.

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Cardinal Richelieu. Musée du Louvre.

Le portrait en pied de Mao Tsé -Toung, doucement irrévérencieux, nous parle de la contestation en chambre de la politique d’un des plus grands autocrates de l’histoire. Le point de départ de son action a des résonances positives pour qui, spirituellement, porte dans son cœur l’amélioration de la condition humaine comme valeur absolue. Pour peu que l’on considère le noir qui recouvre la sculpture comme négatif, le message peut sembler clair : l’action politique de Mao Tsé -Toung fut néfaste à son peuple. On ne peut qu’être perplexe devant l’ambiguïté de cette posture : l’artiste ne fait que clamer, sans beaucoup de risques, ce que nous savions déjà, de surcroît dans les lieux feutrés d’une foire d’art contemporain. C’est l’occasion d’une petite digression, mais le propos est tout de même lié à ce qui précède. Ma visite n’a pas eu lieu lors du vernissage, mais j’ai reçu des échos du profil sociologique des visiteurs présents à cette soirée inaugurale. Paraît-il qu’il y avait beaucoup de jeunes collectionneurs bien peignés, col de chemise négligemment ouvert sur poitrail imberbe (là, j’en remets une couche). J’exagère à peine : en fait, il s’agit de jeunes riches, mis comme il faut, qui s’encanaillent au mimétisme suivant : l’art contemporain est jeune, insolent, incompréhensible, sexuel, bling-bling, indécent, torturé, fait de tout et de rien, il s’adresse à personne et à tout le monde, en un mot, c’est nous. Donc, ces acheteurs se représentent l’art contemporain comme un insigne militaire que l’on accroche à son veston, comme un grade d’élévation culturelle auquel on souscrit par l’acquisition des œuvres les plus pointues du marché. Quoi ? C’est exagéré ? Quand on y pense, déambuler dans une foire d’art contemporain, c’est un peu comme faire le tour de la foire agricole, l’aspect aristocratique en moins. En effet, il s’agit de présenter les plus belles bêtes, au sens de production et de reproduction. Les artistes n’échappent pas à ce mimétisme. Ils sont purs dans leurs ateliers, mais sans doute le pragmatisme de l’enfoirement leur fait-il perdre leur virginité. La politique s’en mêle depuis peu. La communication que l’on voit fleurir expliquant au grand public que l’art contemporain nécessite une pédagogie explicatoire, est douteusement tendancieuse. Car qui ne peut être d’accord avec le soutien porté aux artistes et l’intégration de ceux-ci comme acteurs culturels dans l’espace public ? D’abord, il existe un enseignement officiel des Beaux-Arts, donc un soutien s’inscrit dans la logique de l’action publique. Ensuite, soutenir la recherche, qu’elle soit scientifique ou artistique, est un devoir pour les élus. L’embêtant, c’est qu’en fait, il s’agit de marketing. La diaspora qui s’occupe de l’art contemporain est souterraine dans son action, elle tend à vendre une esthétique à l’insu des décideurs publics qui délèguent le pouvoir de décision à leurs collaborateurs. Elle est mi-publique, mi-privée. De fait, les décideurs sanctifient les choix opérés et abandonnent la culture à des opérateurs financiers qui se comportent avec l’art de la même façon que s’il s’agissait d’un produit marketing coté en bourse. Bref, on patauge dans la mélasse du terre-à-terre marchand. Ce n’est pas nouveau. Par contre, Philippe de Champaigne [7], en peignant le Cardinal Richelieu, clairement, fige une sorte de bête politique comme il en existe beaucoup dans l’histoire. À la seule différence près que la peinture peinture accompagne ici l’œuvre comme un élément extérieur au sens du sujet peint, racheté en quelque sorte par la grandeur de l’art du peintre. La question des convictions jansénistes de Philippe de Champaigne nous amène aussi à interroger la notion de commande, que doivent gérer les artistes assistés par le pouvoir. C’était la règle à l’époque : pas de salut sans protecteur. En effet, de Champaigne fut certainement en contradiction avec sa pensée quand il dut réaliser un portrait du plus fervent adversaire du jansénisme. Il n’est pas sûr que cette histoire ne recommence pas, mais sans art…

Un autre secteur ? Un art artisanal. Depuis quelque temps déjà, le design et les objets artisanaux réapparaissent dans les foires d’arts contemporains. Là aussi, les actions individuelles et publiques semblent agir de concert. Pourquoi pas, après tout : tout est dans tout, l’époque veut cela. Nous pouvons considérer que dans ce secteur, les mêmes questionnements

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Céramique contemporaine. Art Bruxelles. Photo   / Dario Caterina.

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Vase cratère. Altes Muséum. Berlin. Avec l’aimable autorisation de lankaart.

peuvent assaillir les spectateurs. Les raisons sont moins franches, car un objet décoratif est plus soumis à la subjectivité douce que les chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art. Quoique, peut-être avons-nous tort de penser cela, car la beauté [8] des objets (ici, paradoxalement, ce n’est pas un problème de parler de beauté, alors que pour les chefs-d’œuvres…) participe elle aussi d’une approche philosophique. Surtout quand ces objets, comme ceux de la Grèce antique par exemple, sont intimement liés à une culture et véhiculent l’idée du monde et du cosmos que se fait une société donnée. Cette remarque est valable pour bien d’autres cultures anciennes. Il y a l’exemple, tristement négatif, des imitateurs africains de leurs propres sculptures anciennes, dont ils inondent le marché touristique. Ils tentent vainement de créer de nouveaux objets dans la veine de ce qui s’est réalisé de mieux tout au long de l’histoire africaine. Paradoxalement, c’est peut-être dans l’acceptation du monde contemporain que les artisans africains renoueront avec la nouveauté (voir la céramique de gauche ci-dessus).

Ce n’est pas parce que les Grecs anciens étaient de grands artisans que les artisans grecs contemporains en sont également. L’art produit au nom d’une culture résiste mieux au temps que l’art créé pour un marché…

Jaume Plensa, grand sculpteur catalan, sauve systématiquement ma visite à la foire de Bruxelles. Sa réinterprétation des styles anciens ne me laisse jamais indifférent. La faculté qu’il a d’utiliser toutes les esthétiques avec un grand sens de l’équilibre émotionnel, de la texture et de la profondeur spirituellement et métaphysiquement contemporaine, est remarquable. Je termine avec lui pour exprimer, à ceux qui en douteraient, mon adhésion à une forme d’art contemporain qui ne suit pas une voie de négation du corpus poétique, mais prolonge celui-ci par l’instinct de vie nécessaire à l’art. La proximité d’une œuvre ainsi que sa concordance avec des voies anciennes augurent de la pérennité d’une certaine émotion métaphysique immatérielle…

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Jaume Plensa. Art Bruxelles.  Photo / Dario Caterina.

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Portrait du roi Jayavarman VII. Art khmer.

En conclusion,  mon périple dans les foires d’art contemporain depuis quelques années tend à se terminer. La lassitude d’une manifestation artistique light lui donne bien des apparences sociologiques lassantes. On y découvre de façon récurrente l’appauvrissement en vitamines du discours artistique vu sous l’angle de la métaphore de la nourriture. Dans notre société tout est light, les rapports humains, la conscience politique et les enjeux culturels en générales. Les foires d’arts n’échappent pas à ce constat. Les actions culturelles sont multipliées par mille, qui s’en plaindrait. Pas moi, mais la profondeur du substrat qui s’en préoccupe ? Si nous perdons les liens avec les notions qui étayent la profondeur d’une culture, nous participons bien involontairement à l’acculturation des pratiques artistiques. La question est immense:  il s’agit de savoir comment faire vivre la cité, telle que l’ont rêvé différent moment de l’histoire, y compris les mouvements de gauche avec le constructivisme, même si ceux-ci sont tombés dans les mêmes pièges du pouvoir que l’extrême droite la plus dure…

Je n’ignore pas que l’art contemporain appelle de toutes ces forces le corps à la rescousse. Comme le dit Michela Marzano [9] dans le titre de son livre, la pornographie ou l’épuisement du désir, « …les conduites  pornographie finissent par effacer le corps en dépouillant l’individu de sa subjectivité… ». Il n’est pas dit que le désir soit présent de facto dans toutes les productions artistiques contemporaines pour perpétuer l’espèce…

Il y a la volonté de puissance des politiques et celui de l’art. À nous de choisir…

Dario CATERINA.

[1] Le hasard d’une rencontre, Bernardi Roig  que je redécouvre à Bruxelles, bien que je pense avoir déjà vu ces sculptures au musée d‘Ostende il y a quelque temps de cela. L’œuvre m’interpelle par l’absence du sculpteur (il s’agit ici d’une œuvre moulée sur nature), cela pose la question de savoir si  nous avons à faire à une sculpture ou à un objet mimant une sculpture. Toutes les apparences sont là pour pouvoir répondre oui, mais l’artiste lui-même le dit (voir l’article de Guy Guilsoul dans le vif l’express), « Cela n’est pas une sculpture », mais une présence. Cela a au moins le mérite d’être clair, l’art d’occupation de l’espace prend le pas sur la sensibilisation de l’espace. Progrès ? Quand tu nous tiens.

[2] Quand j’ai découvert pour la première fois la Piéta de Michelangelo au Vatican, j’ai tout de suite été frappé par la vision architectonique de l’œuvre. Je n’ignore pas que cette appellation convienne mieux aux sculptures des cathédrales, qui elles sont conçues comme des éléments constitutifs de celles-ci, mais je persiste. L’architectonie de la piéta est totale dans l’élévation de la matière comme substrat expressif et sa présence métaphysique dans l’espace. Sa présence dépasse l’objet sensible, il est.

[3] Les artistes qui se réclamaient de la théosophie au début du XX° siècle furent de grands artistes, importants pour l’histoire de l’art. Cette doctrine a pour crédo de relier entre elles toutes les religions sur un point de convergence qui consiste à dire que l’homme tente d’approcher le divin à travers elles. On peut en déduire que la vérité est en fait partagée par l’ensemble des religions, qui possèdent toutes une part de vérité. Grâce à des artistes tels que, Kandinsky, Mondrian, Pollock, Ensor, il y a eu des avancées esthétiques considérables pour l’art moderne et l’art contemporain, je pense ici à l’expressionnisme figuratif, l’expressionnisme abstrait et au mouvement minimaliste des années soixante.

[4] Je pense sincèrement que ce qui arrive à Freud est une bonne chose. Car la simplification qui consiste à croire que tout peut trouver une explication dans l’étude du mental  psychologique est  réductrice. L’amour ne serait de ce point de vue qu’échange physiologique et n’existerait pas ? La colère le résultat d’un mauvais équilibre hormonal ? Etc. Il doit y avoir une part de vérité à ces affirmations, certains philosophes s’opposent à ce sujet ; Hegel ou Kant ? Mais ce qui importe c’est la désobéissance de la nature à vouloir toujours présenter des exceptions à la règle aux exégètes de celle-ci. Pourquoi n’en serait-il pas de même avec le mystère ?

[5] Shakespeare : Tout est bien qui fini bien, II,3.

[6] Le constructivisme architectural est né en Union soviétique dans les années vingt. Le mimétisme avec une certaine vision philosophique plus qu’architecturale de l’architecte du Reich d’Albert Speer n’est pas sans exprimer une morale. La beauté architecturale est neutre du point de vue de la fonction de super sculpture, mais perd toute sympathie quand son rôle devient un asservissement à une métaphore à visée  politique.

[7] Philippe de Champaigne fut, quand j’étais étudiant, un des peintres que j’appréciais le plus. Je ne le rejoins pas dans son époque sur la question de sa religiosité, mais plus sur la réalité de sa peinture. Bien que le Jansénisme propose une vision plus profondément sincère et exigeante du religieux  que ce qui avait cours à l’époque. Il est certainement un des peintres qui s’est occupé le mieux de la texture du corps de sa peinture. C’est évident essentiellement dans les portraits des personnages qu’il peignit dans ces compositions solennelles. Mais surtout dans les tableaux qu’il a réalisé de sa fille à Port Royal.

[8] La beauté est un terme que l’on utilise plus en art, de peur de faire resurgir des concepts anciens. Sublime est plus adéquat, mais bon, de temps à autre la beauté apparaît comme une récompense la ou on ne l’attend pas.

[9] Michela Marzano : «  La pornographie ou l’épuisement du désir ». Éd. Buchet Chastel, 2003, 294 p.