La poésie qui vient / Philippe Beck

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Des poèmes d’aujourd’hui apparaissent et s’inscrivent ici, définis par un vœu d’être de la chose et du nom de poésie, repoésie, postpoésie, ou tout ce qu’on voudra, qui se rapporte à l’idée de la poésie. Il m’arrive de le dire et souligner depuis plus de dix ans : « l’idée de la poésie, c’est la poésie. »

La poésie qui vient, c’est la poésie qui continue de venir, sans jamais être arrivée jusqu’ici. Arrivée à quoi, parvenue à quelle rive inconnue, à quel Yucatan? Yucatan est le rivage qui dit « Hein? » ; il interroge qui vient là – qui lit et écrit parce qu’il a lu, a vu des lignes de sol. Ce qui vient, c’est toujours le présent incomplet appelé passé, c’est-à-dire passé vivant. Il n’y a de passé que vivant, condition de la garde qui avance. Le passé garde les forces en avant. Les poèmes neufs avancent le dos tourné à l’avenir. Le vent de l’avenir espéré empêche l’avancée de front. Poème ne signifie pas espoir. Il signifie avertissement, diversement.

Philippe Beck

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