L’art dit-il la vérité ?[i]
L’actualité colle parfois avec précision à un sentiment confus qui nous rappelle parfois de grandes œuvres littéraires. Il ne s’agit ici que d’un emprunt lié aux circonstances de l’actualité, qui fait naître en nous une compassion qui nous accable en ces instants, et que nous vivons à la démesure du flux migratoire et de celui des réfugiés de guerre que bien des politiques n’ont pas anticipé par défaut de prévoyance.
Il faut considérer que recueillir les réfugiés de guerre, c’est un devoir, et répondre aux demandes des hommes et des femmes qui constituent le flot migratoire d’Afrique, du Maghreb et d’une partie du Moyen-Orient, est une réparation de nos fautes coloniales.
D’une moindre importance, mais tellement évocateur, ajoutons le mensonge de l’entreprise VW… qui en occulte bien d’autres, et c’est la nausée…
Qui n’entend pas les mensonges politiques ?
Qui ne vit pas le mensonge sur son lieu de travail ?
Comme souvent des parallèles peuvent exister entre des faits qui dépeignent la brutalité de la réalité, et l’existence de l’art qui tente à la faveur d’une catharsis artistique, de reformuler la vie pour tenter de la comprendre et d’agir sur la pensée. Le mensonge est une forme sémantique qui définit par l’absurde la nécessité de la vérité qui peine à se rendre visible… tant les êtres veules qui l’utilisent le font aux dépens des autres pour ensuite s’enivrer du désarroi causé à ceux qui ont été trompés…
Certains philosophes pessimistes ont abordé depuis longtemps l’absurdité de la vie en ce qu’elle laisse les hommes devant des questions sans réponse, auxquelles on ne peut tenter de répondre que par la métaphysique ou une vision philosophique matérialiste. Malheureusement, notre époque penche plutôt pour le mensonge libéral du consumérisme de masse. Certains trouvent les mots pour donner de l’espoir et d’autres, a contrario, même s’ils sont matérialistes, plaident pour ce qu’ils pensent être la réalité constructive du bon vouloir pour changer les choses. Beaucoup de bonnes volontés au départ ont permis des avancées spectaculaires du bien-être, à la faveur d’améliorations dans le quotidien des pays privilégiés démocratiques. Bref, la culture à travers les arts en général est constitutive d’un bien-être de l’esprit ou l’expression d’une résistance face aux injustices intolérables à notre cœur. L’art tient lieu de ressourcement dans une appartenance de notre corps à une définition des peuples et de leur culture propre.
Les artistes et les philosophes peuvent-ils venir au secours de nos esprits et œuvrer à la fin des guerres ?[ii]
La guerre en Syrie, comme bien d’autres auparavant, nous apprend que les idéologies réapparaissent plus rapidement avec leurs effets néfastes que ce que tentent de mettre en place les militants de la paix pour sauver le monde. D’une part, le mensonge métaphysique qui induit le fanatisme religieux dans certains pays sévit dans divers pays arabes et a des répercussions terroristes sur notre sécurité en Europe. D’autre part, le fanatisme économique comme idéologie du mensonge matérialiste exploite le monde des travailleurs et nous éloigne d’une certaine vérité pour pouvoir nous asservir. Cette vision, nous la constatons tous au jour le jour. Si nous tentons d’amener ce simple constat dans notre vie quotidienne, nous le retrouvons dans l’analyse de nos efforts pour tenter d’y voir clair dans la compréhension de notre état de consommateurs et de citoyens politiques lambda.
Le mensonge politique quant à lui est une excroissance du pouvoir. Sans lui, il n’est pas possible de convaincre un nombre suffisant d’indécis. L’art n’échappe pas à la règle, le pouvoir de l’image tient dans la tentative d’incarner une réalité qui repousse le mensonge hors du vécu du peintre quand il tente de découvrir la raison qui le pousse à chercher la peinture, le vrai art. La vérité du vécu de l’art est la meilleur réponse au mensonge. Nous pouvons penser, en ces moments, au grand flux de réfugiés qui fuient légitimement la guerre pour tenter de survivre avec leurs familles, et être solidaires. Constater qu’il existe également un flux migratoire économique qui se joint à ces réfugiés à la faveur de l’aubaine de l’accueil par les populations européennes qui ont ouvert leurs frontières pour les accueillir. Cela n’est pas sans poser quelques difficultés d’organisation, vu le nombre de personnes à accueillir.
Ce point précis conduit certains éléments de nos populations occidentales les plus touchés par la crise économique à laisser le doute s’immiscer dans leur esprit et à se focaliser sur leur propre pauvreté et leurs propres difficultés. Ceux-ci sont amenés à se demander pourquoi une mobilisation d’une telle ampleur ne s’est pas produite pour eux depuis le temps qu’ils l’attendent et ne la voient jamais venir.
L’un n’exclut pas l’autre[iii]. Les politiques seraient très bien inspirés s’ils réussissaient à expliquer très clairement pourquoi certains citoyens se trompent, et tentaient de donner une explication crédible aux difficultés persistantes du quotidien de ceux-ci, et de l’accentuation de la pauvreté.
Et là, c’est un problème sémantique… Patatras ! Le spectre de l’extrême droite pointe son nez, récupère la peur et fige le débat par la crainte des mots. Prenons l’exemple de Michel Onfray[iv] – que l’on ne peut suspecter de dérive droitière –, qui a droit depuis quelque temps à une volée de bois vert dans la presse de gauche. Pourtant, il n’est pas le seul à oser contester le rôle de va-t-en-guerre de Bernard-Henri Levy qui pense avoir contribué positivement au printemps arabe… On sait ce qu’il en est aujourd’hui du désastre des diverses interventions militaires occidentales dans les pays arabes ces dernières années. C’est un échec total, la guerre n’amène que très rarement la vraie démocratie… Il y a deux points de vue : intervenir ou pas… Les deux camps tentent une approche de la paix sans pour autant être de droite… Les artistes plasticiens sont moins en cheville avec le monde politique que les philosophes et pourtants ils sont parfois plus en phase au long terme avec le Politikos dans leur individuation…
Les artistes doivent-ils revivre la genèse de l’exploitation intolérable des peuples à la faveur de l’histoire des colonies, et le revivre à travers l’art contemporain pour enfin incarner une part de la vérité que nous vivons aujourd’hui[v]?
Ce point de vue n’est pas partagé par tout le monde, mais les divers désengagements coloniaux des pays occidentaux auraient dû être réalisés sur le long terme, pour pouvoir accompagner les populations vers une émancipation réussie. Il aurait fallu les aider en amont d’une future indépendance en les intégrant à la gestion de cette future indépendance. Il fallait une condition, évidemment : vouloir être à l’origine d’une décolonisation volontaire et anticiper de ce fait le souhait légitime de libération des peuples encore sous le joug occidental et subissant le racisme dans leur propre pays depuis des siècles.
La première étape a rarement été initiée par les pays coloniaux eux-mêmes, – ceux-ci cherchant à résoudre le problème par la force n’ont pas pu empêcher la violence des peuples qui souhaitaient être libres. Nous avons choisi plutôt de maintenir coûte que coûte le colonialisme pur et dur. Ce fut la catastrophe, et les soulèvements des populations ont provoqué le pire. Toute l’histoire de la décolonisation ratée a permis l’installation de dictateurs pratiquement dans tous les cas de figure, d’Idi Amin Dada aux colonels grecs en passant par Saddam Hussein, Kadhafi, le chah d’Iran et bien d’autres.
Et certains de dire que la situation est déjà pire que du temps de ces mêmes dictateurs… Le flux migratoire politique et économique est une situation prévisible dont nous sommes responsables à divers niveaux, tout au moins en ce qui concerne certains pays occidentaux. Les artistes tentent d’intégrer le débat avec les moyens qui sont les leurs… L’exemple des SDF exposés tels des œuvres d’art lors de manifestations artistiques est l’exemple d’une prise de conscience qui passe par l’art et va vers le public. La biennale de Venise cette année a consacré une part importante à la participation d’artistes qui ont créé des œuvres d’art qui déconstruisent l’histoire coloniale à travers une analyse transversale qui les touchent personnellement .
Il y aura certainement un prolongement dans la tête des artistes, et dans les œuvres qu’ils vont faire naître à la lumière des drames résultant de la situation des réfugiés et des événements qu’ils vivent pour sauver leur vie, lors de leurs voyages parfois mortels…
L’art contemporain est-il de droite ou de gauche ?
Le désespoir d’une frange de notre population européenne ne trouve plus de réconfort que dans les thèses d’extrême droite. Certains ont quitté la gauche la plus militante, qui propose pourtant une alternative humaniste de partage et tente de recouvrer la dignité du travail en plaidant pour une répartition des richesses plus équitable. On voit en France avec quelles difficultés Mélenchon tente toutes sortes de modifications de son discours pour emballer le peuple sans y parvenir… Les victoires électorales ne sont pas au rendez-vous… Un zeste d’écologie en plus peut-être ?… Voyons voir… Avons-nous peur des mots ? Certains d’entre nous ne sont pas d’accord pour dire avec d’autres que la gauche glisse à droite avec ses philosophes. La fusion des esprits du centre droit avec ceux des sociaux-démocrates de gauche est seulement un signe d’affaiblissement d’un possible choix clair de société. Du mou de part et d’autre, qui fait le lit du libéralisme, des multinationales et du monde bancaire. Les entrepreneurs qui incarnent par leur créativité leur entreprise et qui ne sont pas les ennemis du monde du travail respectent leurs salariés. Peut-être que le manichéisme d’une certaine gauche est rédhibitoire pour réaliser une synthèse constructive entre différentes tendances (qui peuvent encore collaborer pour sortir de l’impasse politique), avec pour conséquence un faible score électoral de la gauche aux Européennes.
Bref, les discours-mensonges de la droite face aux discours-vérité d’une certaine idée de la gauche libertaire et des divers gauches, ceux-ci vont certainement, d’un point de vue électoral, payer pour ceux-là si aucun moyen nouveau de les contrer ne voit le jour dans les esprits éclairés des véritables démocrates.
Pour faire un parallèle avec l’art, il faut comprendre dans quel état nous nous trouvons, à devoir manier sémantiquement des opinions et des mots qui semblent devenus inutilisables pour s’exprimer sur l’actualité. Si vous pensez pouvoir critiquer l’art contemporain sans prendre en compte le sectarisme ambiant des idéologues voués à sa promotion, vous êtes de facto traité de réactionnaire d’extrême droite. Le gigantisme de certaines expositions éphémères d’art publiques (à ne pas confondre avec l’art public lié à loi du 1° / à la construction des bâtiments publics de l’état) trouve grâce aux yeux des hommes politiques dans ce mélange subtil entre tourisme et actualité culturelle. Ceux-ci financent les projets les plus mégalomanes d’artistes qui semblent s’approcher de plus en plus du parc d’attractions de Walt Disney plutôt que d’incarner une œuvre de civilisation qui avance…
Ce n’est certainement pas nous, les artistes, qui allons nous plaindre d’une meilleure visibilité des expositions artistiques qui existent maintenant plus que par le passé. Une démocratisation de l’art est en marche à la faveur de la médiatisation importante autour de l’art en général. Le seul bémol, ce sont évidemment les sommes astronomiques indispensables aux installations éphémères d’œuvres gigantesques dans l’espace public, qui de ce fait pompent une part importante des budgets de la culture.
Avons-nous assez d’argent public pour l’enseignement des beaux-arts en Europe? Devons-nous adopter toutes les modifications de la course effrénée aux réformes en tout genre des pédagogues qui se préoccupent peu des exceptions culturelles ? Allons-nous devoir appliquer tous la même doxa de l’art contemporain actuel? Ces mêmes pédagogues n’ont pas pris connaissance de la mise en garde de l’anthropologue Claude Lévi-Strauss, qui constatait que dès lors qu’un chaînon manque dans les liens d’une culture, des savoirs disparaissent, probablement à jamais, pour la population qui suit.
Une des questions est de savoir si nous devons laisser apparaître des œuvres qui sont le seul résultat du paradigme de l’art contemporain actuel. Certes, l’art contemporain actuel est une composante très créative et inspirée, mais il ne doit pas asseoir son hégémonie au détriment de tous les autres paradigmes…, en l’occurrence, ceux de l’art classique contemporain actuel et de l’art moderne contemporain actuel. Tous les artistes doivent dans leur esthétique être considérés comme acteurs du monde contemporain actuel et rester visibles dans les enseignements des beaux-arts européens. Les conservatoires de musique ont su préserver des pratiques classiques, promouvoir la recherche avec le jazz moderne, et l’avant-garde avec les musiques nouvelles. Ils ont évité dans leur enseignement européen une mise en place d’un minestrone artistique qui privilégie le résultat avant même de comprendre comment y parvenir, non pas par la seule technique, mais par les sensations de la prise de conscience dans leur corps et leur âme que l’art est le résultat de la recherche de leur vérité pour parvenir par la suite à cheminer vers la liberté.
Bref, quelques questions en utilisant les mots pour le dire doivent pouvoir être utilisées pour convaincre du pluralisme des tendances qui existe réellement actuellement dans le monde de l’art contemporain. Il va falloir faire quelque chose contre l’injure « il a viré réactionnaire de droite[vi] » qui s’abat comme un déluge sur tous les décapeurs des doxas contemporaines de la gauche caviar ou de la droite bien-pensante – y compris la « bien-pensance » d’une certaine droite nostalgique d’un statu quo stérile. L’extrême droite et l’extrême gauche ne tolèrent aucune similitude dans les mots, même ci ceux-ci ne disent pas la même chose par la manière dont on les emploie. Les mots pour dire la résistance et le courage de contester le monde tel qu’il va actuellement sont l’occasion de visiter un dictionnaire improbable de vérité, et non pas celui d’idéologues ou propriétaires de truismes qui paraissent tellement vrais dans leur simplicité.
Un monde ouvert à la parole pour libérer les peuples de la servitude volontaire vaut mieux qu’un monde souterrain de la parole mis au service de l’exploitation des esprits. L’art n’est ni de droite ni de gauche ni seulement verticale ni seulement horizontale, mais où est-il, alors ? Les vrais artistes qui rencontrent l’art le savent…
Comment toucher au plus près la pratique artistique dans notre vie de tous les jours dans les enseignements de l’art en Europe ?
L’esprit de résistance présente l’avantage de déclarer ses erreurs quand la pratique de l’essai en écriture permet de développer des propositions nouvelles qui mettent en lumière des écarts susceptibles de produire des toxicités irréparables. Certains esprits sont toxiques dans leur pratique journalière de la manipulation mise au service d’ambitions personnelles. Certains politiques et certains dirigeants d’institutions n’échappent pas à la règle. On en vient parfois à leur ressembler par faiblesse, et nous finissons par les imiter dans nos actes sans esprit critique pour nous raisonner.
En effet, combien d’entre nous doivent supporter sur leur lieu de travail l’esprit de baronnie de leurs managers ? L’exemple de VW est à cet égard exemplaire… Ce qui honore notre époque, ce sont les avancées au sujet du harcèlement sur le lieu de travail. Dans le fond, le débat d’idées n’échappe pas aux dérives sectaires qui empêchent une prise de parole libre et sans haine, et ceci est vrai pour n’importe quel type de situation dans laquelle nous sommes confrontés à une hiérarchie en Europe et dans le monde…
Le monde de l’art est particulièrement le lieu de toutes les subjectivités. Le monde de l’art contemporain s’éloigne parfois des grands principes de liberté en tentant une hégémonie dans les territoires culturels à la faveur d’un paradigme qui met en place une doxa du résultat. L’art contemporain actuel est parfois prévisible, comme les autres tendances qui le côtoient. Il ne constitue pas plus un progrès que les autres ne constituent un recul à leurs yeux. Petit à petit, une esthétique positive s’installe et devient une tendance ennuyeuse… Il est nécessaire d’accepter un cosmopolitisme des idées qui rejoint celui des difficultés qui occupent actuellement le monde politique, et qui tente de convaincre la population de la chance que constitue l’intégration d’une jeunesse migratoire métissée pour redynamiser une Europe vieillissante. L’art est l’expression d’une multitude d’esprits différents qui constituent une force au service de la vérité d’ailleurs rarement atteinte, mais qui permet d’être soi avant de comprendre l’autre. Accepter l’autre, c’est s’honorer soi-même en découvrant sa propre humanité. Certains d’entre nous, dans leur charge d’enseignant, pensent qu’il est impossible d’enseigner l’art. La seule possibilité raisonnable serait de créer les conditions pour que celui-ci apparaisse chez les candidats artistes, et de construire un rempart de savoirs et de recherches pour leur permettre de se découvrir dans leur volonté d’atteindre l’art… leur art.
Heureux celui qui se découvre lui-même et honore les autres dans leur singularité… singularité qui le définit lui-même dans sa différence… Ouf !
Malitiis non est indulgendum
Dario Caterina
Le 17 septembre 2015
[i] Si une certaine vérité de l’art existe, c’est certainement d’abord dans la faculté qu’il a d’apparaître comme un maillon de civilisation. Les plus inspirés des artistes parviennent à nous emmener au-delà de nous-mêmes, certains appellent cette action dans nos esprits la métaphysique et d’autres la poésie. Ont-ils tous raison ?
[ii] La sincérité de certains philosophes n’est pas à remettre en cause. Mais les erreurs de jugement sont parfois difficiles à reconnaître de part et d’autre des sensibilités politiques. Il suffit de se remémorer le mea culpa sur le régime soviétique de Sartre et de Simone de Beauvoir, ou d’un Yves Montand et d’une Simone Signoret, pour comprendre qu’avec la prise de conscience des dérives communistes de l’URSS, seul Raymond Aron à l’époque avait anticipé le désastre à venir. Nous sommes beaucoup de libertaires de gauche à pouvoir nous reconnaître sans difficulté en ceux que nous combattons mais que nous respectons, et à voir en eux des esprits éclairés qui participent à la vérité des événements et qui rétablissent l’équilibre démocratique qui sied à nos démocraties. Pensent-ils la même chose de nous ?
[iii] Sur ce point, nous sommes nombreux à nous étonner de devoir expliquer qu’aider les réfugiés politiques, les personnes poussées à l’immigration économique et les pauvres de tous les pays du monde – y compris les nôtres en Europe –, tombe sous le sens pour qui défend les droits de l’homme et leur corollaire : la dignité humaine. Nous sommes abasourdis par la haine que portent ceux qui se disent de gauche et qui interprètent de travers les propos de philosophes comme Michel Onfray pour les taxer de glissement sémantique vers la droite. Il y a le cas Zemmour que Michel Onfray défend bien qu’il ne partage pas ses opinions, simplement parce qu’il a le droit d’exprimer son point de vue dans les limites des lois qui régissent la diffamation, l’apologie du racisme ou toute autre dérive verbale inadéquate. Nous ne connaissions pas cette nouvelle propension d’une certaine gauche journalistique à se muer en inquisitrice et à dénoncer la mauvaise gauche que représente à leurs yeux le courant libertaire. C’est très commun d’invoquer Voltaire, mais que dire de plus… ?
[iv] Examiner le résultat des interventions des armées occidentales pour soutenir le printemps arabe peut paraître, c’est le moins que l’on puisse dire, très mitigé pour ne pas dire catastrophique. Nous ne doutons pas de la bonne foi des nos dirigeants. Il existe deux points de vue à ce sujet. Le choix est difficile, nous sommes nombreux à l’avoir fait au vu des résultats de l’action instaurée par la droite quand elle était au pouvoir, aidée en cela par l’intervention du très médiatique BHL. C’est simple, BHL avait-il raison de plaider l’intervention ?
[v] La décolonisation est un sujet majeur pour comprendre les enjeux actuels de la prise de conscience de nos responsabilités collectives en Europe et de ses méfaits. Pratiquement aucun pays n’a envisagé à temps un passage des pouvoirs en douceur, pour éviter les catastrophes qui ont suivi. Nous avons un devoir de réparation. Commençons par ne plus soutenir les dictateurs qui ont pris le relais,… est-ce possible?.
[vi] Cette expression va finir par ne plus rien pouvoir dire de la stigmatisation nécessaire sur ce fâcheux penchant nostalgique de l’entre-deux guerres. À force de l’utiliser à tort et à travers pour empêcher le débat d’idées entre les esprits responsables, cela va finir par provoquer le contraire de ce que cette expression comporte de réalité. Est-ce une bonne analyse ?