1/ Jaco Pastorius / Joni Mitchell – Shadows and Light – Asylum Records / Warner 2/ Jaco Pastorius – Holiday for Pans – Sound Hills Records 3/ Jaco Pastorius / Albert Mangelsdorff Trilogue – Live ! – MPS Records 4/ Jaco Pastorius – The Early Years Recordings – King International Inc. 5/ Jaco Pastorius, Paul Bley, Pat Metheny, Bruce Ditmas – Jaco – Jazz Doors Records. 6/ Larry Coryell – The Real Great Escape – Vanguard Records 7/ Larry Coryell & Philip Catherine – Twin House – Act Records 8/ Larry Coryell / Charles Mingus – Me Myself an Eye – Atlantic / Warner 9/ Larry Coryell – Basics – Vanguard Records 10/ Larry Coryell – Bolero – 11/ Link Wray and his Raymen – The Swan Single Collection – Rollercoaster Records 12/ Link Wray – Law of the Jungle – Ace Records 13/ Kenny Burell Trio – A Night at the Vanguard – Argo / Cadet Records 14/ Eric Gale – Blue Horizon – JVC Records 15/ Tania Maria – Via Brasil ( W. Boto and Hello ) – Barclay 16/ Paulhino Da Costa – Agora – Pablo Records 17/ David Spinozza – Spinozzza – A&M Records 18/ Cheap Trick – Dream Police – Epic / Legacy 19/ Larry Coryell / The Eleventh House with Larry Coryell – Vanguard Records 20/
Larry Coryell / Larry Coryell – Victor Bailey – Lenny White – Electric – Chesky Records
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ECOUTER
La playliste de Noël Akchoté est proposée en mode lecture (pas de diffusion sur webSYNradio). A charge pour chacun de se procurer les albums…
Lire la partie 1 de l’entretien pour comprendre ce qui motive ce choix éditorial.
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ENTRETIEN
PUISSANCE DE LA MUSIQUE / DES PRATIQUES, UN QUOTIDIEN (# 2/3)
Noël Akchoté, Dominique Balaÿ, octobre 2009
A l’occasion de sa participation à webSYNradio, Noël Akchoté a bien voulu se prêter à un entretien pour « servir » ses playlistes. L’entretien s’est déroulé par écrit, au gré d’un échange de mails très chaleureux courant octobre 2009. Il donnera lieu à une publication en trois parties (correspondant aux trois playlistes, lire la première partie de l’entretien) dans la revue Droit de Cités tout au long de 2010.
A ne pas manquer : la société de Curiosités accueille le 25 février Noël Akchoté pour une première soirée SYNCHRO (+traces de la soirée ici ) concoctée par webSYNradio.
Voici donc la deuxième partie de l’entretien… DB
#2
Dominique Balaÿ : A travers tes réponses, tu donnes à voir (les paquets de disques dans ton sac de voyage : je les vois) et à entendre (l’envie de parler, d’échanger, la pointe de l’argumentation, autant que le moteur du travail en cours, tes pratiques). Je sors d’une visite sur robertquine.com …
Noël Akchoté : Oui je pensais aussi à des johnfahey.com, freddiegreen.org, mais éventuellement aussi au « pas tout Lacan » du site de l’école freudienne, au blog de Rafael Sorin sur les pages de Libération et d’autres chose encore de la même tenue. Là aussi l’immensité du web, on se rend compte rapidement à la pratique qu’elle se rétrécit vite. Je veux dire par là que les sites sérieux sont rares (pas 10 % des occurrences sur un sujet donné je pense), que le travail d’éditeur, de producteur, de passeur est comme toujours central dans la circulation des savoirs. On va par contre trouver à l’air libre, visibles là où ils ne l’étaient pas avant, des grappes de données strictement internes ( que ce soit le blog d’ ados d’une même école, les forums de partis politiques à usage interne, les cycles ou dossiers universitaires par programme ou autres collectionneurs ou curiosa en tout genre ). C’est intéressant d’ailleurs de voir le problème des droits sur internet se poser avec l’enjeu véritablement commercial des films ou des musiques, parce que dans d’ autres champs de savoir comme le texte, ça fait déjà un moment que le ménage a été fait (difficile de trouver maintenant des partitions, des textes non libres de droits et autres archives sauf totalement privées ou auto productions). Cela dit, c’est tout à fait cohérent et logique puisque une large partie du web comme de l’évolution culturelle et commerciale s’enroule autour du « moi je », de « l’auto fiction » ou du « regarde, ça pourrait être toi » des arts visuels.
DB : La musique comme signe de ralliement social et représentation d’un pouvoir : situation de tous les arts en fait. En musique comme au cinéma : les enjeux sont industriels, il y a une histoire d’échelle et de finalité, à la différence de la peinture.
NA : Non ça n’est pas différent pour la peinture, comme pour la banque ou tout autre domaine sauf à chercher des niches sans aucun enjeu, ou vraiment privées (encore que, il faudrait pour parler du web garder en tête que tout ce qui touche au sexe directement ou indirectement représente en gros la moitié des connexions – voir les sites « mon ex.com » par exemple ou tout ce qui est free porn , souvent de très loin ce qui est à l’avant garde des applications possibles de l’outil) – ce ne sont pas les enjeux qui sont industriels je pense, c’est la finalité mais en cela rien de nouveau sous le soleil. L’industrie et la production culturelle sont liées comme l’ampoule et la lampe à EDF. Avec une particularité française qui est le sens que prend le terme « culture » dans ce pays. Cela n’est pas du tout un hasard si l’on a des Malraux, des Lang mais aussi bien d’autres politiques dans ce domaine depuis plusieurs siècles. En France la culture est du politique à l’état pur, ça n’est même rien d’autre au fond, et il suffit de très peu de recherche pour en trouver les preuves factuelles. La culture y produit du culturel, d’ où de tous temps aussi son animosité radicale à l’encontre de l’art et des artistes autonomes. Par définition là aussi, l’artiste n’est qu’autonome (peu importe la nature des fonds qui lui permette de l’être d’ ailleurs, de l’ascèse, de la pauvreté aux grandes fortunes familiales, il y a de toujours des ponts et des liens entre ces deux extrêmes). L’industrie a besoin de l’art, des artistes, de leurs idées là où le politique s’en méfie à l’ extrême. L’industrie fait des contrats, ensuite des objets. La culture ne produit que des agents culturels. C’est même le seul progrès majeur dans ce domaine depuis environ une vingtaine d’années, le fait que les milieux culturels soient maintenant producteurs de l’ensemble de la chaine (écoles, diffusion, théorie, programmes). C’est donc tout à fait logique de voir le politique, la culture, courir après le marché qui lui a de véritables résultats, un chiffre d’affaire sans comparaison avec les ratages quasiment congénitaux à la culture. Pour reprendre ton exemple de peintre, on connaît tous des artistes visuels qui ne produisent plus que pour la prochaine biennale ou convention, qui n’ont pour la plupart même jamais connu d’autre mode de production. En cela, la radicalité c’est depuis la nuit des temps l’art. Le cinéma de Méliès à Spielberg, de Mekas à Tourneur n’a jamais été autre qu’industriel et à projections commerciales. Ne serait-ce que parce que le plus avant-gardiste des réalisateurs aura toujours besoin de Kodak, Pathé, Sony ou Apple Mac pour produire son objet. En musique il en va de même, c’est avec l’arrivée de Leo Fender et autres productions d’instruments industriels que les choses se mettent a évoluer sérieusement, à devenir véritablement accessibles à tous et donc produisent beaucoup plus d’hybrides, de musiques que l’on n’ entendait pas avant, qui ne sortaient pas du cadre local ou familial. Si tu prends les enregistrements ethnographiques que fait Alan Lomax pour la Library of Congress, le plus obscur bluesman perdu dans les campagnes sudistes ou autres américaines joue déjà des modèles à bas prix de chez Gibson, Martin, etc. … En France, la culture étant à ce point un sujet politique, on produit des œuvres qui resteront dans ce champs et sont à consommation immédiate, les Etats-Unis entendent « cultural » autrement, c’est l’appropriation par les gens de produits culturels commerciaux, d’ où à mon sens le fait qu’il soit possible là-bas de produire des choses à la fois mainstream et chargée de sens, ou de qualité tout en restant de l’entertainement aussi. En France les milieux culturels jouent bien sûr leurs artistes contre l’art en général, l’art n’étant pas récupérable par le politique, par définition.
DB : Mais la Musique comme puissance (titre de l’entretien): finalement tu en parles peu.
NA : Ce titre, qui est ta proposition ( et à laquelle je « contre » amicalement mais comme pour essayer de peser de l’ autre coté de la balance ), résonne pour moi entre : Nietzsche » La Volonté de » ( et je suis lecteur de Fritz … au delà des imageries du bonhomme s entend ) et le « Puissance de la Parole » qui se trouve dans les Histoire(s) de JLG ( à moins que ce ne soit le titre du film « France Telecom », je ne sais plus au juste ). Pour moi, en tant que musicien, dire « Puissance de la » çela me fait immédiatement entendre ta place d’auditeur en fait. C’est un regard porté sur une expérience je crois, alors que pour le musicien en train de musiquer (je tiens à ce néologisme!), sur l’instant, il s’agit d’autre chose. Cela n’est pas par hasard que l’on se tient à la musique plutôt qu’à l’écriture, au montage ou d’autres formes artistiques. Il y a quelque chose de radicalement avant le verbe dans la musique. Très vaste sujet encore, j’espère y revenir, qui pose la question de l’écrit (tous les écrits), de la voix (puissance de la voix, ça marche par exemple : la voix porte), du sonore, du sens et donc immédiatement aussi du politique et de l’histoire (voire même du biologique ou physiologique). C’est pour cela que j’oppose à « Puissance » les termes de Quotidien et Pratique. Pour moi la musique est avant tout une pratique et de multiples quotidiens, mais dans tous les cas aussi une même musique faite de plein d’autres. Même lorsque je suis auditeur, j’écoute la musique sous cet angle. Ce qu’elles disent en émotion, en sens, en virtuosité ou autrement c’est la nature de la musique, par définition quasiment.
DB : Ce que tu dis de la situation du musicien qui se tient dans les limites et la peau technique de l’interprète : même si chez les classiques, c’est une haute fonction, elle reste bridée, cela reste une limite (le respect, la lettre du texte, de la partition). Selon toi, et pour paraphraser Jacques Derrida au sujet de la traduction, « qu’est ce qu’une interprétation « relevante » ?
NA : Je vais profiter du fait que je collecte des citations pour divers textes à venir : « Comprendre, c’est entendre et c’est s’entendre. On ne comprend jamais tout seul. Tout comprendre prouve l’autre. » Georges-Arthur Goldschmidt ( »A l’insu de Babel ») ou : » De temps en temps, il me semble percevoir une question qui monte des profondeurs du silence. Mais celui qui la pose ne sait pas qu’il interroge, et celui à qui elle est posée ne sait pas qu’il est interrogé. » Martin Buber ( »III- La question Secrète – Judaïsme »). Cela dit, cette position de traducteur est quasi d’ordre théologique, c’est la question de ce qui « est ». Je ne suis pas religieux, ça n’est pas la question ici, mais ça pose justement cette question du religieux, les différents textes « saints » ne font même que cela je crois, d’où l’intérêt porté par beaucoup d’autres personnes au-delà de la seule question religieuse. Disons plutôt que ce terme d’interprète est le seul qui vaille pour moi, quelque soit le texte (sa nature de composition, d’improvisation ou autre n’y change rien à mon sens, ce ne sont que de simples conventions et traditions pour désigner une même chose). Derrida, c’est intéressant pour moi parce que c’est par là que je suis rapidement allé chercher d’autres façons d’interpréter, de dérouler, de jouer, de dire un bout de quelque chose à un moment donné.
Je suis « autodidacte » c’est ma chance : je ne comprends rien d’autre que ce que j’ai l’impression d’entendre. Chez Derrida par exemple je serais bien en peine d’expliquer sa pensée, par contre son style, son rythme, ses pulsations à égrainer les mots dans un temps donné (un espace donné, pour la page), cela m’a tout de suite rappelé ce que l’on fait dans l’improvisation. La musique en cela ne diffère pas du tout des autres formes d’arts, on ne sait pas ce qu’elle dit non plus, on sait l’effet de sidération, d’attrait, d’émotion, etc. qu’elle produit en nous. On dit souvent » ça fait sens » mais c’est surtout que ça fait signe de quelque chose. La traduction, c’est un échec annoncé d’avance, c’est justement pour cela que l’on s’y colle je crois. Il n y a pas moins de traduction lorsque c’est son propre texte que si c’est celui d’un autre. En cela écrire, jouer, enregistrer est toujours une expérience dont on ne sait rien avant. Au fond écrire, c’est pour se lire, jouer pour s’entendre soi même. Au bout d un moment ce qui s’y dit peut avoir des effets de « puissance » mais pour celui qui dit, son temps, son être entier est dans le dire, donc dans un quotidien, des pratiques.
(à suivre…)
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RENDEZ VOUS
le 25/02, une soirée à l’invitation de la Société de Curiosités pour découvrir le projet mené au sein de WebSYNradio.
Cette soirée accueille Noël Akchoté et Jean Michel Espitallier.
Toutes les infos sur :
http://instantnet.wordpress.com/soirees-a-venir/jeudi-25-fevrier-2010-synchro-1-websyradiodroit-de-cites-avec-noel-akchote-akchte/
Réserver à lasocietedecuriosites@gmail.com
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ELEMENTS
Noël Akchoté est un guitariste français né à Paris le 7 décembre 1968. Du jazz à l’improvisation, en passant par la chanson, le rock ou la variété, son parcours et ses pratiques permettent difficilement de lui attribuer un style précis, pas plus qu’une appartenance à un courant ou à un milieu musical spécifique…
Discographie et bibbliographie de Noël Akchoté sur wikipedia
Textes de Noël Akchoté dans la revue SKUG
La playliste de Noël Akchoté dans les programmes non déterminés de la société de curiosités