Salvatore-Puglia-sur-webSYNradio-12-au-19-novembre-2009

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J’aimerais nommer cette liste Demetrio’s Tongue. Elle est dédiée à ce chanteur grec d’Alexandrie, formé culturellement et politiquement en Italie, passé de la musique pop aux expérimentations vocales et à l’enseignement universitaire, mort à New York d’une maladie du sang, à l’âge de trente-quatre ans, la veille d’un grand concert en son honneur à Milan.
S.Puglia

1/ Playliste – Salvatore Puglia 2/ Time After Time – Miles Davis 3/ Complainte De La Seine – Marianne Faithfull 4/ What Keeps Mankind Alive – Tom Waits 5/ What Keeps Mankind Alive –  W.Burroughs 6/ Pugni chiusi – I Ribelli 7/ Gioia e Rivoluzione  – Area & Demetrio Stratos 8/ Dio è morto  – Nomadi 9/ La Dolce Vita –  Nino Rota 10/ Giu’ La Testa – Ennio Moricone 11/ When a Man Loves a Woman – Otis Redding 12/ Fellini  – Rodolphe Burger 13/ C’est dans la Vallée –  Rodolphe Burger/OlivierCadiot 14/ Tante Elisabeth – Rodolphe Burger/OlivierCadiot 15/ I am a Passenger –  Iggy Pop 16/ Sentire – Philippe Poirier/Salvatore Puglia 17/ Princesse mandchoue – Philippe Poirier 18/ Aphrodite’s Lizard – Kat Onoma 19/ Story Tellers – Yves Dormoy /Rodolphe Burger 20/ Gagarine  – Yves Dormoy /Rodolphe Burger 21/ Tota’s Tongue – Philippe Poirier/Salvatore Puglia 22/ O Tzitziras o Mitziras – Demetrio Stratas 23/

Evaporazione –  Demetrio Stratos

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ECOUTER

Premières écoutes les : Jeudi 12 novembre à 12h,18h, minuit, 6H puis jusqu’au 19 novembre, mêmes horaires

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ENTRETIEN
Salvatore Puglia, Dominique Balaÿ octobre 2009

DB: WebSYNradio propose aux artistes les archives d’UBUWeb comme point de départ : tu les a explorées d’une façon particulière,  peux tu nous faire part de ce  que tu y as trouvé, et qui ?

SP : J’avais auparavant collaboré, de manière ponctuelle, avec des amis musiciens (Rodolphe Burger, Philippe Poirier) pour des pochettes ou des installations. Une fois ou deux ils ont enregistré ma voix et ils en ont fait ce qu’ils ont voulu (voir: Tota’s Tongue de Poirier). Trois ou quatre fois j’ai donné des textes pour des chansons (toujours aux mêmes amis).
Les archives Ubu sont un outil incroyable. J’y ai cherché (et trouvé) les poètes sonores que j’admire (Bernard Heidsieck, Arrigo Lora-Totino) et surtout Demetrio Stratos, dont la rumeur disait en 1979 qu’il était mort à cause des médicaments qu’il prenait pour entretenir et pousser sa voix à des registres jamais atteints.

DB : Tu es cependant rapidement sorti des archives UBU pour nous proposer un ensemble de titres à la coloration très Italienne (E .Morricone) et amicale (R.Burger). Peux-tu expliquer ta sélection ?

SP : Amicale, d’abord, puisque nous sommes fait de l’étoffe dont les amis nous habillent. Mais chez R. Burger j’ai choisi les morceaux les plus poussés dans le sens de l’improvisation et du « bricolage », qui sont ceux de lui que je préfère. Par ailleurs, Burger et Poirier (avec entre autres Yves Dormoy) avaient crée à Strasbourg, au début des années 80, quand je les ai connus, un groupe de « jazz-rock », Oeuvre complète, inspiré par Wilhelm Breuker et les Westbrook, qui a peu vécu et que je regrette beaucoup.
Les morceaux de (ou avec) Demetrio Stratos que j’ai choisis ne couvrent meme pas une dizaine d’années, celles de mon adolescence et de mes vingt ans. Ce laps de temps, assez court, est d’une grande densité. Stratos en est pour moi l’emblème. De la musique pop, aux chansons engagées, au rock progressif, aux expérimentations vocales, il a été toujours loin avant. En ces mêmes années on voyait les films de Fellini et de Sergio Leone (ce dernier, pour se divertir, sans en percevoir le coté subversif), on écoutait le rythme and blues et, pour les plus « maudits » d’entre nous, Iggy Pop. On allait à des concerts gratuits, dans des vallées en Ombrie, par milliers, comme une tribou nomade, pour écouter Carla Bley et Miles Davis. J’ai voulu rendre compte de tout ça ; c’est un peu la colonne sonore d’une éducation en même temps esthétique et politique.

DB : La revue Droit de Cités qui héberge la radio a une vocation philosophique affirmée, du point de vue du profil de ses fondateurs et de ses animateurs, mais aussi de ses enjeux et de ses questionnements et ton travail a été reçu par les philosophes (le texte de Jacques Derrida « Sauver les Phénomènes, Pour Salvatore Puglia » http://salvatorepuglia.info/2009/11/04/sauver-les-phenomenes/, la belle méditation de Philippe Lacoue Labarthe sur le plomb, http://salvatorepuglia.info/2009/11/05/philippe-lacoue-labarthe-museo/ …). Peux tu nous préciser – ce qui intéressera certainement les lecteurs de Droit de Cités autant que les auditeurs de websynradio – quel est ton rapport à la philosophie et à l’histoire ?

SP : Mon rapport à la philosophie est en premier lieu en tant que sujet. C’est à dire que des philosophes (et je dois ajouter à ces deux noms ceux de Cadava, de Fynsk et de Loayza, et celui d’une sociologue, Lapierre) ont été amenés à écrire sur mon travail. Je ne connais pas la raison de ça. Moi-même, je viens du monde de l’écrit, mais j’étais un historien, par engagement, plutôt qu’un « penseur ». Et c’est par la pratique de l’histoire que je suis passé au visuel. J’ai commencé par subtiliser dans les archives tous ces petits papiers qui se glissent dans les fichiers, qui ont servi pour essuyer les plumes ou pour y accueillir des croquis distraits. Je faisais, dans mes heures de loisir, des montages de tous ces papiers, que je ne montrais pas. Un jour j’ai constaté l’insuffisance (ou le manque de passion) de ma recherche en histoire, et les montages sont devenus des tableaux d’abord et des installations ensuite. Une certaine critique du médium photographique, dans sa relation à la mémoire, m’a enfin autorisé à l’utiliser, ce médium, avec une relative liberté, ce qui m’a valu d’être adopté, en France, dans les années 90, dans la mouvance de la « photographie plasticienne ». J’imagine que la relation à l’écrit doit être évidente dans mon travail, et ça doit être la raison pour l’intérêt que des écrivains y ont portés. Et puis, encore une fois, l’aspect amical, le passage d’ami à ami. Mon attitude face à l’archivage, enfin : elle est en même temps de respect et de méfiance. Je sais par expérience combien les archives sont aléatoires et velléitaires, si on les regarde dans un effort de reconstruction d’un monde. Mais je connais la valeur, pour l’imagination et pour la création, de ces bribes sauvés du cataclysme, de ces bouts d’outils déterrés, dont on peut s’appliquer à construire une prolongation hasardeuse.

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ELEMENTS

Après avoir travaillé dans le domaine de la recherche historique, Salvatore Puglia commence à exposer ses montages en 1985 (galerie Adeas, Strasbourg). Depuis lors, son activité d’artiste s’est toujours accompagnée d’investigations sur les sources documentaires des images, selon une pratique qui considère les traces de l’histoire comme de la matière à transformer.
En parallèle avec ses expositions, il a publié dans les revues Quaderni storici, Détail, Linea d’ombra, Revue de Littérature Générale, Vacarme, Lo sciacallo, Mediamatic, Issues in Contemporary Culture and Aesthetics, Any. Il a édité le volume collectif Via dalle immagini / Leaving Pictures (Salerne, 1999) et organisé les expositions Iconografie transitorie (Rome, 1999) et Memoria e storia (Naples, 2001).

Expositions personnelles (*: catalogue)

1985 Falsapartenza, Galerie ADEAS, Strasbourg
1987 A sea-change, Centro Ellisse, Naples
1988 Ash-boxes, Galerie FNAC, Strasbourg Galerie Escapade, Paris

1990 Small Talks, Instituto Cultural de Macau, Macao *

313. Kein Marternbild. Institut culturel français, Naples

1992 Leçons d’anatomie, Galerie FNAC, Paris *

Museo, Galerie Alternance, Strasbourg *

1993 Par les yeux du langage, Atelier du chocolat, Marseille *

Aschenglorie, Lo Studio, Rome Über die Schädelnerven, Galerie Alternance, Strasbourg

1994 Figure humaine, Espace Lézard, Colmar

Hortus deliciarum, Le Parvi, Paris Music on Bones, Galeria 21, Sankt Pietroburg Actes, Tribunal administratif, Strasbourg

1995 Abstracts of Anamnesis, Onassis Center, New York *

Histoire de l’oeil, Lo Studio, Rome * L’image de l’autre, Galerie Artem, Quimper * Trönur, Galerie Alternance, Strasbourg

1996 Still Lives, Lo Studio, Rome *

1997 Kópeskönyvek , Vizivarosi Galeria, Budapest Iconostasis, Petit atelier, Paris

1998 3bisF, Aix en Provence

Centre d’Art Albert Chanot, Clamart Stationen, Palais Yalta, Francfort *

1999 Iconografie transitorie, Lo Studio, Rome*

Bilder, Fotogalerie Wien, Vienne, Autriche * Deutsche Menschen, Maison Heinrich Heine, Paris

2000 Project: Personal monuments, Overgaden, Copenhagen

A Parachute, Jan Van Eyck Academie, Maastricht

2001 Museum d’histoire industrielle, Société industrielle, Sainte Marie aux Mines

2003 La philosophie dans le boudoir, 3A, Rome Sei lezioni di panneggio, Galleria Del Borgo, Rome *

2004 Six leçons de drapé, Moments d’art, Paris

Filmini, Borgotsunami, Roms Antiquarium, Galleria Del Borgo, Rome

2005 Inventarium, Fnac Montparnasse, Paris *

2006 Futuro postumo, Fortezza di Montepulciano, Italie Quattro pose statuarie, Lo Studio, Rome *

2007 Travaux 2001-2007, festival Cest dans la vallée, Sainte Marie aux Mines

2008 Ex voto, galerie Atypic, Toulouse
2009 Time drip, galleria s.t., Rome
L’Illustrazione Italiana, galerie EOF, Paris

Site de Salvatore Puglia
Démétrio Stratos sur wikipedia