Chronique saturnienne 9 / la coupe du monde de football, l’appel du 17 (!) juin

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Sarkozy a déclaré avec cynisme que le football pouvait être un remède à la crise. Déclaration qui concorde avec sa volonté d’instaurer le modèle allemand à l’école (étude le matin, sport l’après-midi) alors qu’outre-Rhin l’on prend conscience de la faillite du procédé. Le sport avait été inventé pour que les hommes ne se fissent plus la guerre. Aujourd’hui, il sert à ce qu’ils ne mènent pas la lutte des classes. Il est le panem et circenses caractéristique des pays du Tiers-monde ou comme le nôtre en voie de tiers-mondisation.

Il est bien sûr évident que ce n’est pas l’essence du football qui est en cause mais la manière dont il se présente dans les rapports sociaux. Le monde du football professionnel est devenu un symbole parfait de l’aliénation propre au mode de production actuel : des milliardaires blasés  adulés par des masses hagardes. On touche aux limites de l’absurde : à l’instar de ces travailleurs qui s’abîment les yeux avec des produits chimiques pour que les jeans puissent avoir le côté usé à la mode.

Il n’y a pas à transiger contre cette manière de dégrader le sport : il faut décréter le boycott complet. Soit dit en passant, il était d’ailleurs fort regrettable que les pays socialistes se soient livrés à la mascarade des jeux olympiques.

Néanmoins, au lieu de remettre en cause l’environnement socio-économique du football, de bonnes âmes prétendent avoir la solution miracle : il suffirait de revenir à l’amateurisme, comme c’était le cas du rugby il y a peu. Comme toujours la solution aux problèmes ne peut être trouvée que dans le passé. Mais que je sache, ce ne seront pas les amateurs qui vont faire progresser la physique. Pourquoi interdirait-on au football d’accéder à l’excellence et au dépassement de soi ? Le professionnalisme n’est pas en question ; c’est la manière dont il s’organise qui pose problème. C’est précisément en payant raisonnablement les joueurs qu’on les fera retourner à plus de professionnalisme et en arrêtant le battage médiatique que l’on pourra retrouver des équipes dignes de ce nom.

L’appel du 17 juin

En ces jours anniversaires, on nous parle à juste titre de l’appel du 18 juin. Mais au fait, connaissez-vous l’appel lancé un jour plus tôt par Charles Tillon, qui allait devenir le fondateur et commandant en chef des FTP ? :

« Les gouvernements bourgeois ont livré à Hitler et à Mussolini : l’Espagne, l’Autriche,

l’Albanie et la Tchécoslovaquie… Et maintenant, ils livrent la France.

Ils ont tout trahi.

Après avoir livré les armées du Nord et de l’Est, après avoir livré Paris, ses usines, ses

ouvriers, ils jugent pouvoir, avec le concours de Hitler, livrer le pays entier au fascisme.

Mais le peuple français ne veut pas de la misère de l’esclavage du fascisme.

Pas plus qu’il n’a voulu de la guerre des capitalistes.

Il est le nombre : uni, il sera la force.

Pour l’arrestation immédiate des traîtres

Pour un gouvernement populaire s’appuyant sur les masses, libérant les travailleurs,

établissant la légalité du parti communiste, luttant contre le fascisme hitlérien et les 200

familles, s’entendant avec l’URSS pour une paix équitable, luttant pour l’indépendance

nationale et prenant des mesures contre les organisations fascistes.

Peuple des usines, des champs, des magasins, des bureaux, commerçants, artisans et

intellectuels, soldats, marins, aviateurs encore sous les armes, UNISSEZ VOUS DANS

L’ACTION ! »